lundi 1 décembre 2014

colloque départemental à la faculté de médecine de Bobigny : Combattre la dépression des personnes âgées : approches plurielles le 4 décembre 2014


2ème Colloque départemental 
Santé mentale des personnes âgées 
jeudi 4 décembre 2014 
Faculté de Médecine de Bobigny Amphi 600 «Gutenberg» : 


"COMBATTRE LA DEPRESSION DES PERSONNES AGEES : APPROCHES PLURIELLES, 
Comprendre, prévenir et traiter"


La dépression est la pathologie psychiatrique la plus fréquente chez la personne âgée, à domicile ou en institution, et pourtant elle reste sous diagnostiquée et sous traitée. Le risque suicidaire associé est élevé, sans compter l’impact délétère sur l’entourage familial et soignant. Au cours de cette journée nous invitons les professionnels à repenser ensemble le prendre soin de la personne âgée atteinte ou à risque de syndrome dépressif. Ainsi, nous évoquerons la prévention, les implications sociétales, le repérage de signes d’alerte et les aspects cliniques et thérapeutiques ; les partages d’expériences devant aboutir à des propositions, notamment en termes de parcours pour la personne âgée en Seine Saint Denis.


"Reconstruire l’histoire : violences subies et dépression au grand âge" Dre Muriel SALMONA, psychiatreassociation Mémoire Traumatique et Victimologie :



Les violences sexuelles sont les plus grandes pourvoyeuses de troubles psychotraumatiques à très long terme. Et le grand âge représente un risque important d’aggravation de ces troubles.

La loi du silence pèse sur ces violences, et encore plus particulièrement sur celles subies pendant l’enfance comme les incestes. La presque totalité des victimes ont été abandonnées sans soutien, ni soin. Leurs troubles psychotraumatiques se sont alors installés dans la durée sans être repérés, ni pris en charge.

La persistance de cette mémoire traumatique leur fait alors revivre les violences à l’identique comme une torture sans fin. Au moindre lien, sensation ou situation qui rappelle les violences, cette mémoire traumatique envahit leur psychisme leur faisant ressentir le même état de détresse, les mêmes douleurs que lors des violences, elles revoient leur agresseur agir, ré-entendent ses cris, ses paroles, sa haine, son mépris. 

Pour ne plus ressentir et éviter le déclenchement à tout instant de cette mémoire effrayante, les stratégies de survie ont associé, au fil de la vie, une hypervigilance, une anesthésie émotionnelle, des conduites à risque, des addictions, et des troubles dissociatifs avec amnésie. 

Ces stratégies de survie de l’adulte ont eu une certaine efficacité mais au prix d’un impact important sur leur santé et leur qualité de vie. 

Avec l’avance en âge, les événements de vie vont s’accumuler, qu’il s’agisse des pertes, des hospitalisations, du passage en maison de retraite. Ces situations d’insécurité et de dépendance à l’autre vont mettre ces personnes âgées en grande difficulté pour gérer leur mémoire traumatique. Les stratégies de survie habituelles sont débordées. Le risque est un nouvel allumage de la mémoire traumatique, envahissante, impossible à contrôler particulièrement lors des soins corporels. Ces personnes âgées vont vivre de nombreuses situations comme des agressions en s’y opposant avec des attaques de panique, des crises d’agitation, des pertes de repères temporo-spatiaux, des troubles dissociatifs avec parmi eux des hallucinations visuelles, auditives et cénesthésiques. 

Pour tenter d’anesthésier émotionnellement cette mémoire traumatique intolérable, le principal mécanisme va être de nouveau l’installation de troubles dissociatifs. Les personnes âgées peuvent alors développer des «délires» de persécution et mettre en scène les violences subies. Elles peuvent également s’auto-agresser et se mettre en danger, ou devenir violentes vis à vis d’autrui en tenant des propos violents et obscènes accompagnés ou non de passages à l’acte agressifs. Ces troubles peuvent rendre les soins très difficiles et être un facteur de risque de rejet et de maltraitance de la part des soignants.

Il est essentiel de savoir repérer ces situations, d’abord pour les comprendre puis pour ajuster ensuite en équipe les attitudes personnalisées à mettre en place.

De manière préventive, avant l’éclosion de ces troubles du comportement en institution, lors de la période de pré-admission, il faudrait pouvoir voyager dans le passé, reconstituer des pointillés de l’histoire de vie, rechercher des traumatismes, et plus particulièrement des violences sexuelles. Cette pratique passe par l’observation, l’écoute et des questions posées, avec le plus de tact possible, à la personne elle-même mais aussi à l’entourage.




Programme




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