samedi 31 mai 2014

Colloque VIOLENCE : JUSTICE ET NEUROSCIENCES organisé à Paris le 4 juin 2014 par l'Association Information Recherche avec l'intervention de la Dre Muriel Salmona



COLLOQUE 
VIOLENCES : JUSTICE ET NEUROSCIENCES 


Le 4 juin 2014 de 14 à 18h Chambre des Notaires de Paris, 12 avenue Victoria 75001 Paris (métro Châtelet)



Avec l’intervention de la Dre Muriel Salmona, psychiatre, auteure de : «Le livre noir des violences sexuelles» chez Dunod, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie : La mémoire traumatique, un problème de santé publique.


PROGRAMME



Ces dernières années de nombreuses avancées ont été réalisées dans le domaine des neurosciences, permettant d'appréhender certaines manifestations psychiques et psychiatriques en termes de neuroanatomie, neuropychologie et neurobiologie, ouvrant la voie à des applications diagnostiques et thérapeutiques, mais aussi à de nombreuses interrogations.



Première partie :

Des travaux ont retenu une corrélation, parfois estimée « invariante », entre des lésions cérébrales et certaines pathologies psychiatriques, dans lesquelles sont observés divers comportements délictuels, interrogeant les notions de libre arbitre et de responsabilité, et en conséquence posant la question de la place à donner à l'imagerie cérébrale, anatomique ou fonctionnelle, dans le champ expérimental - et celle de leur fiabilité scientifique (Loi de bioéthique 2011-814, nouvel article 16-14 du Code Civil).






Deuxième partie
La pathologie psychotraumatique a été particulièrement étudiée avec mise en évidence de mécanismes neurobiologiques sous-tendant les troubles de la mise en mémoire et de la remémoration, donnant des explications à leurs conséquences cliniques sévères, dont le risque de répétition, et apportant ainsi un aspect plus rationnel aux interventions thérapeutiques.
Les psychotraumatismes survenus pendant l’enfance ont des conséquences d’autant plus graves qu’ils ne sont pas diagnostiqués, et donc non traités.









INTERVENTIONS ET ACTIONS DE L'ASSOCIATION MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE EN JUIN 2014





INTERVENTIONS ET ACTIONS 
DE L'ASSOCIATION
MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE 
EN JUIN-JUILLET  2014

JUIN 2014

1- le  3 juin à Paris (75)




émission du 3 juin 2014 sur le Mouv ' (Radio-France)
 de Giulia Fois de 19h30 à 20h30


dépistage et accompagnement des victimes de violences sexuelles.


on en parle avec Muriel Salmona, psychiatre, spécialiste de la mémoire traumatique, auteur du «Livre noir des violences sexuelles» (publié aux éditions Dunod) et présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie et Gilles Lazimi, médecin généraliste.



2- le 4 juin à Paris (75)



Violences - Justice et Neurosciences
Colloque du mercredi 4 juin 2014 Chambre des Notaires de Paris, 12 avenue Victoria 75001 Paris (métro Châtelet), organisé par l'Association Information Recherche (AIR)
Ces dernières années de nombreuses avancées ont été réalisées dans le domaine des neurosciences, permettant d'appréhender certaines manifestations psychiques et psychiatriques en termes de neuroanatomie, neuropychologie et neurobiologie, ouvrant la voie à des applications diagnostiques et thérapeutiques, mais aussi à de nombreuses interrogations.
Muriel SALMONA, Psychiatre Psychothérapeute, chercheuse et formatrice en Psychotraumatologie et en Victimologie, auteur « Le livre noir des violences sexuelles » et présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie y interviendra sur le thème : La mémoire traumatique, un problème de Santé Publique.



3- le 26 juin à Paris (75)


Session de formation continue du 25/06 au 27/06/2014 à l’Ecole Nationale de la Magistrature : Les violences conjugales
Muriel SALMONA, Psychiatre Psychothérapeute, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie y interviendra sur le thème :
victimes des violences conjugales : l’impact traumatique, l’emprise, l’accompagnement.
La session présente les données essentielles pour une meilleure connaissance de ces comportements violents et pour la recherche d’une réponse pluridisciplinaire adaptée. Ainsi seront notamment étudiés : - le résultat des recherches sanitaires et sociologiques les plus récentes sur les violences conjugales - les données psychologiques permettant de comprendre le mode relationnel complexe à l’œuvre dans le couple, l’attitude parfois désarmée et désarmante des victimes et le phénomène d’emprise - le cadre juridique pénal et civil choisi par la France, notamment la mise en œuvre  des dispositions de la loi du 9 juillet 2010 relatives à l'ordonnance de protection  - les modalités de prise en charge judiciaire, sociale et thérapeutique tant des victimes que des auteurs de ces violences aux fins d’une prévention efficace de la récidive - l'impact des violences conjugales sur les enfants qui y sont exposés.
Des chercheurs, magistrats, avocats, psychiatres présenteront leurs travaux ou leurs pratiques innovantes en la matière. L’origine professionnelle diversifiée des participants doit permettre des échanges fructueux à l'issue de ces exposés.
ENM Ecole Nationale de la Magistrature
8 rue  chanoinesse – 75004 PARIS
Coordonnateur de formation
Monsieur Edouard DURAND




4- le 20 juin à Paris (75)

Commission départementale d'action contre les violences faites aux femmes, présidée par Monsieur le Préfet de la Région d'Ile-de-France, Préfet de Paris, qui est prévue le vendredi 20 juin à 15h, en préfecture de Paris et d'Ile-de-France.
"Accueil des femmes victimes de violences sexuelles et procédures policières" pilotée par la Police Judiciaire 



5- le 30 juin à Paris (75)





Pôle formation du Centre Monceau

Troisième journée de Formation de l'association Mémoire traumatique et victimologie :
Conséquences des psychotraumatismes et soins psychothérapiques aux victimes 

Mémoire Traumatique et Victimologie, en partenariat avec Familia, pôle formation du Centre Monceau, ouvre les inscriptions pour la formation « Conséquences des psychotraumatismes et soins psychothérapiques aux victimes ». 

Cette formation sera assurée par la Docteure Muriel Salmona, psychiatre, psychotraumatologue et Sokhna Fall, thérapeute familiale, victimologue et ethnologue.

Les conséquences psychotraumatiques des violences, leur impact sur la santé psychique des victimes restent méconnues et mal prises en charge. Les cursus universitaires n'accordent qu'une très faible place à cette clinique, malgré les intuitions précoces de la psychanalyse, les connaissances cliniques des états de stress post-traumatiques, et les avancées récentes des recherches en neurobiologie. 

Dans ce contexte l'association Mémoire Traumatique et Victimologie propose une formation destinée aux professionnels susceptibles de prendre en soins des victimes de violences. Cette formation s'adresse à des cliniciens ayant déjà une expérience en psychothérapie : médecins psychiatres, psychologues, psychothérapeutes, infirmièr-e-s en psychiatrie. Elle est centrée sur l'identification des violences subies, le traitement de leur conséquences psychosociales et particulièrement sur la mémoire traumatique. 

Cette formation se déroulera sur deux ans, à raison de 9 journées la première année, tarif annuel : 1600€ ; et de 6 journées la deuxième année, tarif annuel : 1100€.

Centre Familia, 46 rue d'Amsterdam, Paris 7509

6- le 9 juillet à Paris (75)



MIPROF (mission inter-ministérielle pour la protection des femmes victimes de violences)


Réunion du sous-groupe de travail sur la formation des professionnels de santé auquel participe la dre Muriel Salmona consacré à la formation continue des médecins et des professionnels de la santé





Nouvel article de Muriel Salmona sélectionné par le Plus du Nouvel Obs sur la loi votée au Sénat : Viol sur mineurs . Le délai de prescription repoussé : déni, silence, pas si facile de porter plainte






Viol. Le délai de prescription repoussé : déni, silence, pas si facile de porter plainte

LE PLUS. La proposition de loi de Muguette Dini et Chantal Jouanno sur le viol a été adoptée par le Sénat mercredi 29 mai. Et c’est une petite avancée juridique. Elle permet de porter à 30 ans le délai de prescription des viols sur mineur. Muriel Salmona s’en réjouit, mais un bon bout de chemin reste à faire.




Muriel Salmonapsychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie ,

Édité par  Louise Auvitu   Auteur parrainé par Elsa Vigoureux
publié le 30 -05-2014





Les sénateurs viennent de voter une proposition de loi modifiant les délais de prescription de l’action publique pour les viols et les agressions sexuelles sur mineurs.

Cette loi modifie les articles 7 et 8 du code de procédure pénale en portant le délai de prescription pour les viols et les agressions sexuelles avec circonstances aggravantes de 20 à 30 ans après la majorité (jusqu’à 48 ans), et de 10 à 20 ans après la majorité (jusqu’à 38 ans) pour les autres agressions sexuelles.

Cette loi, qui devra passer devant l’assemblée nationale pour pouvoir entrer en vigueur, ne sera pas rétroactive.

Pourquoi cette nouvelle loi ? Et en quoi est-elle une avancée pour les victimes de violences sexuelles ?

Il faut en moyenne 16 ans pour qu'une victime parle

Depuis 1989, la spécificité et la gravité des violences sexuelles sur les mineurs, la très grande difficulté pour les victimes de les révéler, même arrivées à l’âge adulte, a été de mieux en mieux reconnue par le législateur.

Il a d’abord fait courir jusqu’à l’âge de 28 ans la prescription après la majorité pour les viols ; puis en 2004, il en a rallongé le délai pour le porter à 20 ans après la majorité (jusqu’à 38 ans) pour les viols et les agressions sexuelles avec circonstances aggravantes (la loi Peben II du 9 mars 2004).

Mais ces allongements étaient-ils suffisants alors que la grande majorité des victimes mettent en moyenne 16 ans avant de commencer à parler, et qu’il leur faut souvent encore de longues années et des soins pour pouvoir porter plainte ?

Pourquoi la plupart des victimes restent silencieuses

De très nombreuses raisons font que les enfants ne peuvent pas révéler les violences sexuelles qu’ils subissent :

-  les agresseurs sont majoritairement des personnes connues de l’enfant (dans 80% des cas), et de la famille (dans plus de 30% des cas), ils ont le plus souvent une autorité sur l’enfant, et des liens affectifs complexes leur permettent d’exercer une emprise sur lui, et de le manipuler efficacement pour le faire taire, le culpabiliser, lui faire honte, peur et penser que personne ne le croira ;

-  les victimes restent très souvent en contact avec leur agresseur à l’âge adulte, ce qui entraîne des stratégies dissociatives de survie et une anesthésie émotionnelle qui les empêchent de dénoncer les violences ;

-  la plupart des enfants, du fait de leur immaturité et du manque de connaissances lié à leur âge, mettent beaucoup de temps à identifier ce qui leur est arrivé, à réaliser qu’on n'avait pas le droit de leur faire cela, à mettre des mots dessus ;

les conséquences psychotraumatiques rendent toute évocation des violences très douloureuse et angoissante, la mémoire traumatique faisant revivre à l’identique des sentiments de terreur et de détresse ;

-  les victimes peuvent avoir de longues périodes d’amnésies et de dissociation traumatique (près de 60% des enfants victimes ont une amnésie partielle des faits, et 40% d’entre eux une amnésie totale qui peut durer de longues années avant que la mémoire leur revienne, souvent brutalement sous forme de flashbacks) [1] ;

le déni et la loi du silence qui règnent dans notre société et dans l’entourage des victimes qui les empêchent d’être reconnues comme telles.

Des chiffres qui font froid dans le dos

Cette situation est d’autant plus préjudiciable que les chiffres sont effarants : de 15 à 20% des enfants ont subi des violences sexuelles, et la majorité des viols et des tentatives de viols sont commis sur des mineurs (59% pour les filles et 67% pour les garçons).

Ces pourcentages rapportés aux études de victimation donnent les chiffres vertigineux de 120.000 filles et 22.000 garçons victimes de viols et de tentatives de viol par an ! Soit un enfant toutes les trois minutes !

Et les chiffres donnés par le questionnaire d’évaluation sur la prise en charge des victimes de violences sexuelles que mon association a lancé début mars sont tout aussi saisissants.

Les 980 réponses déjà obtenues révèlent que 66% des violences sexuelles sont subies par les mineur-e-s, principalement au sein de la famille, dans l’entourage proche et dans le cadre des activités scolaires et para-scolaires.

Dans 45% des cas, ces violences ont débuté alors que les victimes avaient moins de 8 ans et ont duré des années.

Des plaintes classées sans suite

L’immense majorité des victimes ne sont donc pas protégées, ni reconnues, ni prises en charge, ni soignées, elles doivent survivre seules comme elles en témoignent sur notre blog Stop au déni.

Ces crimes sont très peu dénoncés, moins de 10% des victimes de viol portent plainte, et les agresseurs ne seront condamnés que dans 1,5% des viols. Les plaintes seront classées sans suite, aboutiront à un non-lieu, ou seront très souvent déqualifiées en agressions ou en atteintes sexuelles et correctionnalisées.

Et pour les nombreuses victimes qui, au bout de longues années de calvaire, arrivent enfin à pouvoir enfin porter plainte, se retrouver privées de leurs droits à demander justice du fait de la prescription est vécu comme une très grande injustice, et aggrave leur désespoir.

Pour leur expliquer cette prescription on leur oppose le droit à l’oubli alors qu’elles continuent à souffrir, et qu’il a été démontré qu’avoir subi des violences sexuelles dans l’enfance est le déterminant principal de leur santé mentale et physique même 50 ans après.

Cela reste la parole des uns contre celle des autres

On leur explique que plus le temps passe plus il sera difficile de juger, les preuves ayant disparues, et que ce ne sera que paroles contre paroles alors que rien n’est plus faux.

Les procédures d’enquêtes se fondent sur la recherche de faisceaux d’indices graves et concordants avec : le récit détaillé de la victime, les séquelles physiques et les conséquences psychotraumatiques qu’elle présente, son parcours de vie (fugues, tentatives de suicides, ruptures scolaires, IVG à répétition ou grossesses liés aux viols, etc.), les témoins, les écrits et enregistrements, les comportements de l’agresseur, et surtout d’autres victimes du même prédateur qui racontent les mêmes mises en scène et les mêmes contraintes utilisées, parfois sur plusieurs générations comme c’est malheureusement le cas dans les familles incestueuses, mais aussi dans des institutions comme nous l’avons vu avec les violences sexuelles commises au sein de l’église, dans l’affaire de l’École en bateau, ou celle du tennis avec de Camaret.

La prescription peut alors aboutir à des situations totalement incohérentes ou pour des mêmes faits commis par les mêmes agresseurs, à quelques mois ou années près, des victimes peuvent porter plainte et aller aux assises et d’autres non.

La prescription vécue comme une double peine

Laurent Esnault victime de l’École en bateau et réalisateur d’un documentaire, en témoigne dans une lettre que j’ai remise à la commission du Sénat lors de mon audition :

"Plus d’une trentaine, voire une cinquantaine de plaintes minimum auraient pu être déposées contre des adultes de l’École en bateau. À cause des prescriptions, il ne restait qu’une dizaine de parties civiles au procès qui s’est tenu en mars 2013 à la cour d’assises des mineurs de Paris. 14 adultes ont été identifiés comme étant des pédophiles avérés. 'Grâce' aux prescriptions, ils n’étaient plus que quatre à la barre… Pour nous, victimes de l’École en bateau, la prescription a été vécue comme une 'double peine'."

De même Isabelle Demongeot qui a été la première à dénoncer les violences sexuelles que lui avait fait subir son entraîneur de tennis, n’a pas pu être sur le banc des parties civiles, mais d’autres victimes pour lesquelles les viols n’étaient pas prescrits ont pu obtenir justice.

Pour porter plainte, la victime doit être en état de le faire

Pour toutes ces raisons, les sénatrices UDI Muguette Dini et Chantal Jouanno, considérant que le délai de prescription de l'action publique des agressions sexuelles est inadapté au traumatisme des victimes, inadapté à une procédure douloureuse et complexe.

Pour porter plainte contre son agresseur, son violeur, la victime doit être physiquement et psychiquement en état de le faire, ont donc déposé une proposition de loi n°368 qui proposait de faire démarrer les délais de prescription à compter du moment où la victime est en mesure de révéler l'infraction, sur le modèle du régime jurisprudentiel applicable aux abus de biens sociaux.

Mais cette loi n’a pas été votée en l’état car, en faisant dépendre la possibilité de poursuites de l'évolution du psychisme de la victime, elle introduisait une incertitude sur le point de départ du délai de prescription et donnait aux procureurs et aux juges un pouvoir discrétionnaire pour considérer si la victime n’était effectivement pas en état de porter plainte.

L'assimilation au délit d'abus de biens sociaux ne pouvait pas tenir, la Cour de cassation ayant refusé d'étendre le bénéfice de cette jurisprudence à d'autres domaines du droit pénal et ayant réitéré cette position dans sa décision du 18 décembre dernier concernant une victime de viol qui avait présenté une amnésie traumatique.

Le chemin pour sortir du déni reste long

La solution, aurait pu être de rendre ces violences imprescriptibles, à l’instar de la Suisse pour les viols d’enfants de moins de 12 ans, mais la commission des lois ne souhaitait pas aller jusque-là, pour préserver le caractère exceptionnel de l’imprescribilité pour les crimes contre l’humanité.

Dans son rapport pour lequel j’ai été auditionnée, le sénateur Philippe Kaltenbach a émis un avis défavorable sur cette proposition de loi en l'état, et a présenté l’amendement voté en discussion générale consistant à allonger le délai de prescription de 20 à 30 ans pour les viols sur mineurs :

"Voilà la solution que je propose, sachant que, d'après les auditions que j'ai menées, les victimes prennent le plus souvent conscience des faits après 40 ans. La durée de trente ans n'est pas incohérente ; elle est celle retenue pour les crimes de guerre, mais aussi pour les infractions de trafic de stupéfiants ou encore de terrorisme."

C’est une avancée, mais le chemin reste long pour sortir du déni, pour reconnaître la réalité et la gravité de ces violences sexuelles et permettre aux enfants victimes d’être protégés, soignés, d’accéder à leurs droits et d’obtenir justice.



Pour lire l'article sur le Plus du Nouvel Obs cliquez ICI

article de Muriel Samona sélectionné par le Plus du Nouvel Obs sur la tuerie d'Isla Vista en Californie : c'est un crime sexiste, un féminicide, il faut le dire . 28 mai 2014







LE PLUS. Il y a quelques jours, en Californie, un jeune homme de 22 ans a tué sept personnes dans la ville d'Isla Vista, avant de se suicider. Dans des vidéos précédemment mises en ligne, il avait fait part de son souhait d'abattre des femmes, se sentant rejeté par la gent féminine. Pourquoi les médias n'ont-ils pas parlé de crime sexiste ? C'est la question que se pose Muriel Salmona, psychiatre.




Muriel Salmonapsychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie ,

Édité par   Hélène Decommer   Auteur parrainé par Elsa Vigoureux

publié le 28-05-2014




En une journée, le 24 mai, nous avons appris que deux tueries avaient été perpétrées à Isla Vista près de Santa Barbara et au Musée juif de Bruxelles, sept morts (dont le tueur) et plusieurs blessés pour la première, et quatre morts pour la deuxième.

Si pour Bruxelles le caractère raciste antisémite des assassinats a été tout de suite évoqué, et a provoqué de très nombreuses réactions d'indignation contre cet acte odieux, pour les assassinats d’Isla Vista, il a peu été question dans les médias de son caractère clairement misogyne, à part sur les réseaux sociaux comme Twitter où les internautes – surtout des femmes, mais aussi des hommes – ont vivement réagi avec le hashtag #yesallwomen, postant leurs propres expériences face à la haine des femmes. 

Le tueur se considérait comme un "nice guy"

Pourtant même si Elliot Rodger, le tueur de 22 ans, n'a pas tué et blessé que des femmes, dans ses vidéos (que l'on peut voir sur internet) il avait clairement projeté de massacrer des filles. On l'entend tenir des propos haineux particulièrement choquants contre les femmes et annoncer qu'il voulait les détruire.

Pourquoi ? Parce qu'elles n'avaient pas voulu de lui et l'avaient rejeté alors qu’il se considérait comme un "nice guy", un gentil garçon qui, ne pouvant pas posséder des femmes décide de les abattre !

"Ce n'est pas juste. Vous les filles, n’avez jamais été attirés par moi, je ne sais pas pourquoi, mais je vous punirai tous pour cela. Si je ne peux pas vous avoir, les filles, je vous détruirai. (Rires) Je prendrai grand plaisir à vous abattre toutes ! Vous verrez finalement que je suis en vérité l’être supérieur. Le vrai mâle alpha."

Un "gentil garçon" qui considère les femmes comme devant lui appartenir, et être soumises à son désir, pour nourrir son sentiment de toute-puissance, et qui, si elles refusent d’entrer dans son scénario et de devenir ses petites amies, deviennent pour lui des objets de haine et de mépris au point de vouloir les massacrer. Un pauvre mâle se considérant dominant et frustré de ne pas avoir pu attirer dans ses filets des dominées.

À l’évidence c’était tout sauf un gentil garçon et les filles pouvaient en avoir peur, et ne pas avoir envie de sortir avec lui…

Oui, c'est un crime sexiste

Abattre des femmes et en blesser pour la seule raison qu’elles sont des femmes et sous le prétexte qu’elles n’ont pas été des objets sexuels dont il a pu disposer, constitue bien un crime sexiste, et définit ce qu’on nomme féminicide.

Tout comme lors du massacre par Marc Lépine de 14 femmes de l’école Polytechnique de Montréal en 1989 ; si des hommes avaient été blessés également, le projet du tueur était d’abattre un maximum de femmes parce qu’il ne supportait pas qu’elles aient accès à l’université et mettent ainsi en péril un monde de domination machiste auquel il adhérait, les femmes devant rester à leur place que le patriarcat leur assigne : épouse, mère, esclave domestique et sexuelle :

"Vous êtes des femmes, vous allez devenir des ingénieures. Vous n'êtes toutes qu'un tas de féministes, je hais les féministes."

Lépine avait écrit qu'il se considérait comme rationnel et qu'il tenait les féministes responsables d'avoir ruiné sa vie.

Les crimes que subissent les femmes parce qu'elles sont des femmes sont nombreux : homicides conjugaux, crimes sexuels, crimes d’honneur, meurtres de prostituées, avortement de fœtus féminins et infanticides des nouveaux-né de sexe féminin en Inde, en Chine. Beaucoup ne sont pas reconnus comme tels et sont présentés comme des drames familiaux, de la jalousie, de la séparations, de la folie ou de la frustration, comme des pulsions sexuelles irrésistibles, des atteintes à leur honneur ou à leur virilité, comme des réponses à des provocations de femmes trop séduisantes…

Ce discours de minimisation et de négation de la réalité montre l’incapacité de nommer précisément les violences, et de les replacer dans un cadre plus politique de violences et de crimes sexistes commis par des hommes envers des femmes. Camus nous avait prévenu : "Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur au monde."

La "folie" n'explique pas tout

Le tueur d’Isla Vista était-il fou comme le suggèrent beaucoup d'articles ou avait-il choisi de vivre dans la haine en étant animé par une volonté de détruire, et d’exterminer des femmes ?

On lui aurait diagnostiqué un syndrome d'Asperger, mais le syndrome d'Asperger, qui est un trouble du spectre autistique avec des altérations du fonctionnement social, n'est pas une forme sévère de trouble mental, et il n’est pas corrélé à des violences commises sur autrui.

Les troubles mentaux qui sont reconnus corrélés avec des violences sont la personnalité asociale et certaines formes de schizophrénie, mais même dans ces cas, la violence extrême ne s'explique pas uniquement par la "folie" : les personnes présentant des troubles mentaux subissent beaucoup plus de violences qu’elles n’en commettent, et ceux qui en commettent ont été exposés à des violences que ce soit en tant que victimes ou bien en tant que témoin, souvent dans l’enfance.

Nous ne connaissons pas ce que le tueur a vécu dans l’enfance, le fait qu’il soit issu d’une famille favorisée n’exclut absolument pas qu’il ait pu être maltraité. Ce que nous savons, c’est qu’il était en lien avec des sites masculinistes et PUA (Pick Up Artist, artistes de la drague) qui véhiculent une vision dégradée et haineuse des femmes, où les femmes sont considérées comme devant répondre aux besoins sexuels  des hommes.

D’ailleurs depuis le massacre un de ces sites prédit que :

- "D'autres gens mourront si les hommes n'ont pas plus d'options sexuelles"
- "A moins que vous ne donniez aux hommes comme Rodger un moyen d’accéder à des relations sexuelles, en les encourageant à apprendre comment draguer, chercher une épouse Thai ou devenir client de la prostitution légale – trois choses que l’élite médiatique et culturelle américaine ne cesse d’attaquer avec véhémence, il est inévitable qu’un autre massacre se produise" !…

Des femmes qui se soumettent pour éviter d'être tuées, c'est le monde à l'envers !

Pour lire la suite cliquer ICI

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1208495-tuerie-d-isla-vista-en-californie-c-est-un-crime-sexiste-un-feminicide-il-faut-le-dire.html


samedi 24 mai 2014

Nouvel article sélectionné par Le Plus du Nouvel Obs de Muriel Salmona : Séquestrée et violée pendant 10 ans, elle s'évade : comment vivre avec un tel traumatisme 23 mai 2014





Séquestrée et violée pendant 10 ans, elle s'évade : comment vivre avec un tel traumatisme



LE PLUS. Elle avait été kidnappée à Santa Ana, au sud de Los Angeles, en 2004. Pendant dix ans, une jeune femme a été séquestrée et agressée sexuellement par Isidro Garcia, 41 ans, avant de finalement réussir à s'échapper et de dénoncer son agresseur à la police. Quelle est l'ampleur du traumatisme ? Décryptage de Muriel Salmona, psychiatre.



Muriel Salmonapsychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie ,

Édité par  Louise Auvitu   Auteur parrainé par Elsa Vigoureux
publié le 23-05-2014




En Californie, une jeune femme de 25 ans séquestrée, maltraitée, agressée sexuellement et violée durant dix ans, a réussi à se libérer et s’est présentée à la police.

Comme je l’écrivais il y a tout juste un an pour les trois jeunes femmes de Cleveland elles aussi séquestrées pendant 10 ans, il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un fait de société qui illustre la condition des femmes et la haine sexiste qui peut se déverser sur elles.

Les pires maltraitances et crimes sexuels pouvant être commis en toute impunité pendant de nombreuses années, sans que personne ne s’en rende compte.

10 ans de sévices continus

Que lisons-nous dans les articles de journaux :

"La jeune femme, qui avait 15 ans au moment de son enlèvement et dont l'identité n'a pas été révélée dans l'immédiat, a eu plusieurs occasions de s'échapper durant ces dix années de captivité mais "elle n'a pas trouvé le moyen de s'en sortir", a déclaré la police de Santa Ana dans un communiqué."

Est-ce à dire pour autant que la victime a présenté un syndrome de Stockholm, ou un attachement traumatique à l’agresseur ?

À l’évidence non, d’après le rapport de la police, elle a essayé deux fois de s’échapper, elle a été rattrapée par son ravisseur et a subi à ces occasions de graves violences. Être à la merci d’un bourreau qui l’a enlevée, violée, battue, terrorisée, séquestrée, menacée est suffisant pour rendre toute fuite impossible.

Elle a pendant 10 ans subi des sévices continus, un déni de sa dignité, et de graves atteintes à son intégrité physique et psychique et a été transformée en objet sexuel. Comment échapper à un ravisseur si dangereux ?

Une déconnection des circuits émotionnels pour survivre

Plutôt que de s’interroger, comme trop souvent, sur le comportement de la victime et sur les raisons pour lesquelles elle ne s’est pas enfuie plus tôt, il est bien plus essentiel, pour comprendre ce qui s’est passé, de s’intéresser à l’agresseur, et à sa stratégie de mise sous terreur, d’isolement, de contrainte, d’emprise et de contrôle continuel (il la faisait travailler avec lui ce qui lui permettait de la surveiller en permanence), de manipulation et de destruction.

Les agressions physiques et sexuelles dont des viols répétés sont une arme puissante de soumission totale, assimilable à de la torture, avec des conséquences psychotraumatiques identiques.

Ces violences et ces menaces terrorisent en permanence la victime et induisent chez elle des réactions traumatiques extrêmes avec des atteintes neurologiques visibles sur des IRM et des mécanismes neuro-biologiques de sauvegarde exceptionnels, comportant un état de sidération psychique et neurologique qui la paralyse et un état de stress tel que seule une déconnection brutale des circuits émotionnels permet à la victime de survivre : comme dans un circuit électrique qui doit disjoncter en cas de survoltage pour éviter que les appareils branchés ne grillent (ici le cœur et le cerveau, sans cette disjonction on pourrait mourir de stress et avoir de graves lésions neurologiques).

Les victimes sont des mortes vivantes

Ce "court-circuit" crée un état dissociatif permanent avec une anesthésie émotionnelle et physique à l’origine d’une sensation d’étrangeté et d’une une dépersonnalisation.

La victime fonctionne alors sur un mode automatique comme un robot que l’agresseur peut programmer à son gré, elle n’a plus de repères temporo-spatiaux, et tout devient comme irréel.

Les victimes se décrivent souvent comme des mortes vivantes : tout est mis en place pour que la victime soit totalement soumise à l’agresseur. La disjonction traumatique interrompt également le circuit d’intégration de la mémoire, ce qui crée la mémoire traumatique des violences.

Et c’est cette mémoire traumatique non intégrée qui, au moindre lien rappelant les violences, les fera revivre à la victime à l’identique, avec leurs contextes, les émotions telles que la terreur, la détresse et le désespoir, les douleurs et les perceptions qui leurs sont rattachées, ainsi que les mises en scène de l’agresseur, sa haine, son mépris, ses phrases assassines.

La torture est totale, la victime continue à vivre les violences par des flash-backs, des cauchemars traumatiques, même en dehors de celles-ci, elle est colonisée par l’agresseur qui a le pouvoir de la faire souffrir et de la désespérer en permanence même s’il n’est physiquement pas là.

Dans cette situation d’esclavage, la victime est tout le temps confrontée au fait qu’elle n’a aucune valeur, aucun droit, qu’elle n’existe que selon le bon vouloir de son bourreau, que sa seule chance de survie est une soumission totale à sa toute puissance.

C’est elle et elle seule qui a réussi à se libérer

Les questions qu’il faudrait plutôt se poser : comment a-t-elle pu échapper à cette emprise ? Il lui a fallu prendre un énorme risque, les encouragements de sa sœur qu’elle avait réussi à contacter sur Facebook, et mobiliser des ressources extraordinaires pour y arriver.

Comment personne n’a rien vu, rien compris de l’enfer qu’elle vivait ? Et pourquoi elle n’a-t-elle pas été retrouvée pendant ces 10 ans ? C’est elle et elle seule qui a dû organiser sa survie au jour le jour dans les conditions les plus épouvantables. Et c’est elle et elle seule qui a réussi à se libérer et se présenter à la police pour être enfin protégée de son bourreau.

Contrairement aux titres des différents journaux, on ne l’a pas "retrouvée", elle s’est "échappée", tout comme toutes les autres jeunes filles séquestrées : Natascha Kampush, Jaycee Dugard, les trois séquestrées de Cleveland pour ne citer qu’elles, au bout de très longues années après des recherches qui n’ont jamais abouties.

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http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1205626-sequestree-et-violee-pendant-10-ans-elle-s-evade-comment-vivre-avec-un-tel-traumatisme.html

mercredi 21 mai 2014

Des nouvelles du questionnaire de la campagne STOP AU DENI de l'association Mémoire Traumatique etVictimologie





DES NOUVELLES DE NOTRE QUESTIONNAIRE

Dans le cadre de la campagne STOP AU DÉNI, nous avons lancé un questionnaire d’auto-évaluation de l’impact des violences sexuelles sur la santé et la qualité de vie, et sur leur prise en charge et le parcours de soin à remplir de façon anonyme en ligne ou bien par écrit avec envoi par courrier. Ce questionnaire se compose de plus de 150 questions quantitatives et qualitatives et offre de nombreuses possibilités de témoigner et de laisser des commentaires. Il s’agit d’une première, ce questionnaire va apporter de précieux renseignements sur la réalité de ce que vivent les victimes de violences sexuelles et l’état des lieux de leur prise en charge. Ce sera un outil important pour améliorer la protection et les soins des victimes de violences sexuelles. L'analyse des résultats de l'enquête permettra d'éclairer les pouvoirs publics et les institutions médicales sur les mesures nécessaires pour faire face à ce grave problème de santé publique.


Le questionnaire est en ligne ICI : http://stopaudeni.com/questionnaire

A ce jour, nous avons déjà reçu plus de 920 réponses à ce questionnaire. 

Dès le mois de juin nous commencerons à diffuser les résultats au cours de campagnes successives d’information. Ce questionnaire fera l’objet de plusieurs publications et d’un rapport sur le parcours de soins et de prise en charge des victimes de violences qui sera présenté à la MIPROF, aux ministères concernés et aux élu-e-s. Nous présenterons également une partie des résultats du questionnaire les 20 et 25 novembre (Journée Internationale des Droits de l’Enfant et Journée Internationale de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes) et l’ensemble des résultats sera diffusé lors d’un colloque en 2015.


POUR VOUS DONNER UN PETIT APERÇU DES INFORMATIONS RÉCOLTÉES À CE JOUR :

Sans surprise la très grande majorité des victimes sont des femmes, plus de 65% des victimes l’ont été en premier lieu dans leur enfance, le plus souvent très tôt et de façon répétée, elles ne se sont presque jamais senties protégées, en particulier celles qui étaient les plus vulnérables : celles qui étaient en situation de handicap rapportent qu’elles sont 0% à avoir été protégées, et seulement 1% d’entre elles ont pu bénéficier de solidarité et de soutien.
Les parcours de prise en charge et de soins ont été difficiles pour toutes les victimes, et ce alors que pour 81% d’entre elles l’impact des violences sexuelles sur leur santé mentale a été important (21%) et très important (60%), et pour 16% assez important, pour 2% peu important et 0% pas important. Elles sont 47% à avoir fait tentatives de suicides.
Les victimes, dans leur immense majorité, ont dû mettre en place seules des stratégies pour se protéger et survivre.
Les enfants victimes de violences sexuelles ont pour la majorité d’entre eux mis plusieurs année avant de pouvoir parler des violences subies.
Pour près de 90% des victimes le plus important c’est la formation des professionnel-le-s de la santé, suivi de l’information sur les conséquences et les mécanismes psychotraumatiques, la création de centres de santé spécialisés et la gratuité des soins.
Nous continuerons à recueillir les réponses jusqu’en juin 2014, vous pouvez donc continuer à proposer et diffuser ce questionnaire autour de vous, nous vous en remercions.


La campagne STOP AU DÉNI lancé le 8 mars 2014 par notre association Mémoire Traumatique et Victimologie pour lutter contre la loi du silence imposée aux victimes de violences sexuelles, le déni des violences qu'elles ont subies et de leurs conséquences, l'impunité des agresseurs, l'absence de protection et de solidarité, ainsi que l'abandon sans soin appropriés qui est leur quotidien alors qu'elles sont exposées continuellement à des dangers, des maltraitances, des situations de précarité et que l'impact sur leur santé est très lourd. Le viol étant avec la torture un des pires traumatismes que l'on puisse subir.

Dans le cadre de cette campagne STOP AU DENI nous avons diffusé sur le web et les réseaux sociaux :

- un clip-vidéo de 2mn "Et pourtant c'était un viol" réalisé par Thibaut Oskian qui a été vu plus de 17 500 fois que vous pouvez voir en cliquant sur ce lien :
 https://www.youtube.com/watch?v=0P0dy4wsLNo

- une affiche photo de Kasia Kosinski

- un dossier de presse très détaillé et riche en informations à télécharger sur ce lien : http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/StopAuDeni_DossierDePresse.pdf

- des pétitions à signerhttp://stopaudeni.com/petitions

-et un site stopaudeni.com mise en ligne et géré par Laure Salmona avec de nombreux articles et des ressources mises à disposition : http://stopaudeni.com

D'autre par nous vous invitons à lire un long article très complet que  Muriel Samona a écrit et posté sur son blog MEDIAPART sur la pédocriminalité sexuelle : "Il est urgent de sortir du déni face à la pédocriminalité sexuelle"

Et toujours l'article sur le viol de la revue Santé Mentale : "Le viol, crime absolu"