dimanche 20 octobre 2013

Nouvel article de Muriel Salmona sélectionné dans le plus du nouvel obs : VIOL CONJUGAL : le couple et la famille restent encore une zone de non-droit 20 octobre 2013






LE PLUS. Un homme a été condamné, le 16 octobre dernier, à trois ans de prison ferme par la cour d'assises du Val-de-Marne pour avoir violé son épouse. Des faits emblématiques des violences subies par les femmes au sein du foyer et trop rarement renvoyés devant une juridiction criminelle, estime Muriel Salmona, psychiatre spécialisée dans la prise en charge des victimes




Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie ,

édité par  Sébastien Billard 

 Auteur parrainé par Elsa Vigoureux le 20 octobre 2013







Il y a quelques jours, un homme a été condamné à 5 ans de prison dont trois ans ferme pour viol conjugal aux assises du Val de Marne. Ce jugement est un fait suffisamment rare pour être salué.

Mais le fait même que l’on puisse trouver qu’une telle condamnation, pour un crime passible de 20 ans de réclusion criminelle, soit une victoire comme nous le dit une des avocates de la victime, Me Nathalie Tomasini, n’est-il pas le symptôme d’un grave dysfonctionnement de la justice de notre pays ?

Seulement 4% des viols jugés en cour d’assises

Les viols conjugaux représentent seulement 4% des viols jugés en cour d’assises (lire les travaux de la sociologue Véronique Le Goaziou). Pourtant, il s’agit d’un crime avec circonstance aggravante, qui est fréquent : 50% des viols commis sur les femmes adultes sont des viols conjugaux. Ils représentent 20% de l’ensemble des viols quand on ajoute les mineures qui représentent 60% des victimes de viols et 5% d’hommes, soit une moyenne de 40.000 viols conjugaux par an.

Et comme l’ensemble des viols condamnés en cour d’assises est de 1.356 en 2010, avec 4% de 1.356, on obtient le chiffre maximal de 52 condamnations pour viol conjugal par an [1]. 52 sur 40.000, cela fait vraiment très peu ! On peut mesurer à quel point les auteurs de ces viols conjugaux bénéficient d’une impunité quasi-totale.

De plus, les rares viols conjugaux jugés le sont en raison de violences physiques graves associées et de l’appartenance des auteurs à des milieux populaires, alors que les viols ne sont pas définis par la seule violence, et que les enquêtes de victimation ont montré que les viols conjugaux existaient dans tous les milieux sociaux et dans des proportions comparables.

Que se passe-t-il pour que les droits les plus fondamentaux des victimes de ces crimes, des femmes pour plus de 90% des cas, ne soient pas respectés à ce point ?

Pour que les victimes soient ainsi abandonnées avec de graves atteintes à leur intégrité physique et psychique, sans protection, ni accès à la justice, ni prise en charge [2], sans compter que dans un nombre non négligeable de viols conjugaux les femmes se retrouvent enceintes, avec toutes les conséquences humaines désastreuses que l’on peut imaginer ? (…) POUR LIRE LA SUITE CLIQUEZ ICI


mercredi 16 octobre 2013

Emission sur le Mouv' de Giulia Fois le 8 octobre 2013 sur Violences sexuelles : pour en finir avec les idées reçues avec Muriel Salmona et Marie-France Casalis



émission du 8 octobre 2013 sur le Mouv ' (Radio-France)
 de Giulia Fois de 19h30 à 20h30

on en parle avec Muriel Salmona, psychiatre, spécialiste de la mémoire traumatique, auteur du «Livre noir des violences sexuelles» (publié aux éditions Dunod) et Marie-France Casalis, cofondatrice du collectif féministe contre le viol (CFCV).
avec de nombreux témoignages

POUR ÉCOUTER L'ÉMISSION
 CLIQUEZ SUR LE LIEN :






75 000 femmes sont violées chaque année en France, soit une femme toutes les 7 minutes. 10 %, seulement, portent plainte. Et 1 % seulement des violeurs sont condamnés.

Si les chiffres sont glaçants, la loi du silence, elle, est toujours aussi pesante. On ne veut pas voir, on ne veut pas entendre et on remue sans cesse des idées reçues.
Qu’une femme qui dit non, « en fait, elle veut dire oui ».
Qu’une victime de viol, l’a « forcément, toujours un peu cherché ».
Que le violeur est systématiquement un inconnu psychopathe rôdant au coin d’une rue sombre, tard dans la nuit.
Qu’il n’a fait qu’obéir à une pulsion sexuelle irrépressible.
Et on se demande pourquoi la victime n’a pas crié, mordu, tapé…
...
Autant d’idées reçues qu’on doit combattre si on veut faire chuter ces effroyables statistiques.
Violences sexuelles : pour en finir avec les idées reçues, on en parle avec Muriel Salmona, psychiatre, spécialiste de la mémoire traumatique, auteur du «Livre noir des violences sexuelles» (publié aux éditions Dunod) et Marie-France Casalis, cofondatrice du collectif féministe contre le viol (CFCV).
Le site de Muriel Salmona : Mémoire Traumatique et Victimologie
SOS Viols Femmes Informations, numéro vert : 0 800 05 95 95 National, anonyme et gratuit

Prostitution : Un sociologue pro travail du sexe se prend une fois de trop les pieds dans le tapin Par le Dr Judith Trinquart,




Prostitution : Un sociologue pro travail du sexe se prend une fois de trop les pieds dans le tapin

Par le Dr Judith Trinquart, Médecin légiste, Médecin de Santé Publique, Secrétaire Générale de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie




Cette fois ci, c’est le dérapage de trop : Lilian Mathieu s’attaque à la Proposition de loi abolitionniste déposée par le Groupe Femmes de l’Assemblée Nationale, soutenue par le PS (à partir du rapport Olivier). Dans sa tribune nauséabonde sur Rue89, datée du 08.10.2013, intitulée «Avec le PS, la préférence nationale commencera-t-elle par le tapin ? », il compare les méthodes du PS avec celles du FN, concernant le traitement des personnes prostituées d’origine étrangère dans le cadre de cette future loi.

Monsieur Mathieu est sociologue au CNRS, s’occupant plus spécialement du champ de la prostitution. Le problème est qu’il est notoirement visible qu’il ne met jamais un pied sur  le terrain, se contentant de commenter les travaux et publications des abolitionnistes pour mieux les dénigrer et les discriminer et des sources de ses petits copains du STRASS, d’Act Up ainsi que de quelques publications célèbres d’autres sociologues pour alimenter son travail de sape. Les armes favorites de Lilian Mathieu, masculiniste hors pair, sont la mauvaise foi, le travestissement et la manipulation.  

Une de ses contestations permanente repose sur les chiffres fournis dans les articles abolitionnistes. Avec la tribune de Rue89, « Avec le PS, la préférence national commencera-t-elle par le tapin ? », où il compare les méthodes du PS à celles du FN, Mr Mathieu s’en prend encore aux chiffres dont l’origine douteuse serait rapportée à l’activité policière. Lui, il n’en fournit jamais, de chiffres. C’est plus facile, on ne peut pas l’attaquer. Il n’est qu’à voir un de ses derniers ouvrages, « La condition prostituée ». Les notes : « Nombre de prostituées… », Répétées à l’envie. Ca veut dire quoi exactement? Des citations de personnes prostituées, sans source…Puis Mr Mathieu affirme p.192 : « …Les prostitué-e-s présentent des troubles corporels similaires à ceux des clochards ou des toxicomanes : nombre d’entre elles sont SDF ou toxicomanes ». Nombre suppose une quantité importante. SDF ou tox, les étudiantes qui se prostituent ? Les mères de familles qui font leurs fins de mois ? Les escorts de luxe ? Les filles de salons de massage ? Les nigérianes de la rue ST-Denis ? Les Chinoises du 13ème ? 

Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. De deux choses l’une : ou Lilian Mathieu n’y connaît rien à son sujet, ou il est d’une mauvaise foi patentée. Dans cette tribune, il nous le prouve une fois de plus. Il s’en prend d’abord au chiffre du « 90% d’étrangères ». Bien. Mr Mathieu n’a apparemment pas du beaucoup parcourir  les grandes rues de notre capitale ni des grandes cités de France. S’il l’avait fait, de nuit, cela lui aurait ouvert les yeux. La grande majorité de la prostitution de rue est composée d’étrangères, Africaines, Européennes  de l’Est, et maintenant Chinoises. Le chiffre exact ? Allez, on va pas faire du pilpoul, Mr Mathieu, c’est la très grande majorité, et vous devriez venir faire des tours avec nous, les vrais associations de terrain, pour venir constater si c’est du 75, du 80 ou du 90%. 

Pour une fois, il semble reconnaître que « les personnes en situation d’exercer cette « liberté de se prostituer » y sont généralement conduites par la détresse ou la contrainte ». Mais c’est ensuite pour mieux élaborer dans un deuxième temps un cafouillis inextricable où encore une fois, l’on constate que Mr Mathieu ne pose jamais un pied sur le terrain, cette fois sur le plan de l’action sociale, où de nombreuses associations, notamment celle dont je fais partie, sont en mesure de venir en aide aux personnes sans papiers, et les aider à se réinsérer socialement. Sur le plan de la discrimination, il est facile pour Mr Mathieu de crier haro sur le baudet, nous avons déjà constaté par le passé d’autres types de discriminations qu’il ne connaît visiblement pas et notamment des associations qui prenaient en charge uniquement les prostituées d’origine étrangère, au motif que celles-ci étaient victimes de la traite, alors que celles « de souche française » avaient choisi « librement » la prostitution, et donc n’avaient pas besoin d’aide !

La proposition de loi abolitionniste est une proposition de loi complète, où le travail social, médical, juridique, policier, s’articule pour fonctionner de manière complémentaire afin que les personnes prostituées soient protégées et prises en charge de la meilleure façon possible, qu’elles souhaitent quitter la prostitution ou pas. Cette proposition est calquée sur la loi suédoise, qui fonctionne maintenant depuis plus de dix ans, avec les meilleurs résultats possibles, tant sur les plans sociaux que juridiques. Elle a été suivie par la Norvège, la Finlande, Israël et maintenant l’Irlande. On constate par ailleurs un échec complet des politiques réglementaristes des Pays-Bas, de l’Allemagne et de l’Espagne.

Les masculinistes, dont Mr Mathieu, tentent un baroud d’honneur, à l’aide de propos populistes et creux. La mauvaise foi, visant à assimiler abolitionnisme, PS et FN, n’est pas un argument qui tient. Elle décrédibilise son auteur et rend son discours vain et superficiel. Bon courage, Mr Mathieu, si vous persistez dans cette voie. 

Pour compléter, je renvoie le lecteur à l’excellent article de Christine Le Doaré : « Dérapage populiste d’un universitaire qui associe PS et FN pour mieux défendre le système prostitueur » http://christineld75.wordpress.com/2013/10/08/derapge-populiste-dun-universitaire-francais-qui-associe-ps-et-fn/ 


Et le communiqué de presse de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie : Vivement le dépôt de proposition de loi abolitionniste !

Tribune sur Slate.fr de Sandrine Goldschmidt, Muriel Salmona et Claire Quidet : Abolition de la prostitution: pourquoi la Suède est un bon modèle




L'étude des effets réels des lois est sans appel: la Suède est le modèle à suivre pour le bien des personnes prostituées et de l'égalité femmes-hommes, pour une société de droits humains donc.

Tribune de Sandrine Goldschmidt présidente du festival féministe Femmes en résistance, Muriel Salmona présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie et Claire Quidet porte parole du mouvement du nid, publiée dans Slate.fr le 14 octobre 2013

Le  1er octobre, le groupe socialiste de l'Assemblée a apporté son soutien à la proposition de loi de Catherine Coutelle et Maud Olivier pour la lutte contre le système prostitueur, qui doit donc désormais être déposée à l'Assemblée.

Le contenu de la loi est très modeste: en guise de pénalisation, il n'est prévu de ne faire un délit qu'en cas de récidive et dans tous les cas sans peine de prison –pour ce qui est un viol tarifé, c'est en effet léger. Mais il est essentiel que cette loi passe: l'exemple de la Suède nous montre que l'effet normatif de la loi est fondamental.
Ainsi, dans ce pays, après 3 ans où la peine était fixée à 6 mois de prison, elle est montée à 1 an. Toutefois, aucune peine de prison n'a été prononcée. En revanche, les prostitueurs-clients ont reçu des amendes. Et ces amendes ont eu un effet assez dissuasif.
Lors d'une réunion des associations abolitionnistes européennes à Bruxelles et alors qu'une cinquantaine de député-e-s ont signé «L'appel de Bruxelles» de 200 associations pour une Europe libérée de la prostitution (et si l'Europe se libère de la demande, c'est le trafic mondial qui est impacté), il a été beaucoup question de ce modèle suédois et des réglementarismes.
L'étude des effets réels des lois est sans appel: la Suède est le modèle à suivre pour le bien des personnes prostituées et de l'égalité femmes-hommes, pour une société de droits humains donc.
1 La représentation suédoise a présenté les vrais résultats de sa politique, au-delà des mensonges véhiculés par l'industrie du sexe
  • Prostitution de rue divisée par deux
  • 70% de la population aujourd'hui satisfaite de la loi (contre 30% au moment de son vote) et un chiffre encore plus élevé auprès des jeunes pour qui acheter un acte sexuel n'est pas normal.
  • Les trafiquants ne s'intéressent plus au «marché suédois». Ce qui prouve que jouer sur la demande permet en premier lieu de lutter contre le trafic.

Mais plus intéressant encore est ce témoignage d'un policier suédois sur les effets respectifs des lois d'abolition et de réglementation. Pour Simon Haggström, qui a interpellé 700 prostitueurs à qui il a donné des amendes, les critiques/idées reçues qui circulent sont sans fondement.
Ainsi, si la prostitution de rue a diminué de moitié, elle se serait, selon les lobbies pro-prostitution, déplacée vers Internet.
Réponse: ce n'est absolument pas un problème pour la police de pister des clients sur Internet. Il suffit de faire comme eux, de prendre ses renseignements sur la Toile...
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lundi 14 octobre 2013

Préface de Muriel Salmona du livre "Anne eX"de Martine Hurtrel aux éditions MLC


Anne eX de Marie Hurtrel



Fiction paru le 11/09/2013 aux éditions MLC
pour commander le livre cliquer ICI


EXTRAIT :

".../...
Il pleuvait des accents circonflexes sur l’avant, et dans le sommeil de l’injuste roulait sa morbidité sonore.
Il puait.

Mais si, je dormais.
Et puis, l’on dort puisqu’on cauchemarde. Et la peur même défaille.
C’est si simple de reculer et d’avaler les serpents par la queue.
Il y en a bien qui croient au bon dieu."
.../..."
Marie Hurtrel

http://www.prose-poetique.com/pages/livres/anne-ex.html






Grâce à la puissance évocatrice des mots, de l’écriture et de la poésie, grâce à l’authenticité d’une parole qui nous enveloppe et nous protège, nous plongeons avec ce très beau texte au cœur de la confrontation intime d’une femme avec une violence et une perversion des plus insensées et impensables auxquelles rien ne pouvait la préparer.

Pas à pas nous accompagnons sa lente découverte d’une réalité terrifiante masquée sous les beaux atours de l’amour, puis brouillée par une emprise d’une efficacité redoutable. Nous assistons d’abord à l’incrédulité de cette jeune femme face à l’horreur qu’elle découvre, puis à ses doutes taraudants, sa solitude, sa peur, ses angoisses, à la dégradation de son estime de soi et de sa santé, et enfin à l’irruption d’une certitude finale qui lui permet de se libérer et de partir.

La narratrice a cru être aimé par un homme intelligent, responsable, sûr de lui… mais tout n’était que mise en scène, et c’est face à un grand pervers et un imposteur dénué de toute émotion, capable du pire qu’elle s’est retrouvée après son mariage. Tout était faux, dès les premier instants, tout était prémédité, fait pour tromper, manipuler, dominer, soumettre, isoler, instrumentaliser, détruire… Dès le début de la relation, les violences psychologiques étaient là, noyées dans un climat de séduction où il soufflait le chaud et le froid. Elles avaient bien été repérées par la narratrice comme anormales, injustes ou incohérentes, mais comment avoir confiance en son jugement et en ses émotions, quand les nombreuses rationalisations de son mari embrouillaient tout, quand ses mises en scène imparables faisaient douter de tout, ébranlaient toutes les certitudes. Comment repérer que tout est faux face à un homme jouant à la perfection celui qui a la conviction inébranlable d’avoir raison, de dire la vérité, de croire ce qu’il dit ? Comment comprendre qu'il ment de façon éhontée, qu'il a tout prémédité ? C’est tellement impensable…. Pour la narratrice comme pour toutes les victimes piégées dans des situations similaires, l'impossibilité de penser que le comportement de l'auteur est intentionnel constitue un piège durable dont il est toujours très difficile et très long de s’extraire.

Au long du livre la narratrice arrive peu à peu à nous décrire la stratégie prédatrice à l’œuvre chez cet homme, avec son lot habituel de manipulations psychologiques pour créer chez elle des sentiments d’infériorité, de dévalorisation, de doute, d’incapacité, de culpabilité, alternant avec des violences sidérantes, physiques et sexuelles, pour mettre en place un climat d’insécurité physique et émotionnelle totale, une confrontation à la terreur et à la mort, et une perte de repères, toutes choses indispensables pour la traumatiser, la dissocier et l’anesthésier émotionnellement, pour en faire une morte vivante, une esclave soumise. Nous entrons alors avec elle de plain-pied dans un système totalitaire où tout est pensé, organisé pour le plaisir de détruire, de faire peur, où toute velléité de refus ou de révolte est verrouillée par des sentiments de dettes et de loyauté obligée, où des sentiments de confusion et de doute sont continuellement entretenus par des attitudes et des messages incohérents. Comment dans ces conditions avoir confiance en soi, en ses propres jugements ? Les violences psychologiques apparaissent bien pour ce qu’elles sont : une véritable entreprise de démolition identitaire utilisée pour conditionner les victimes à se ressentir comme n'ayant aucune valeur, ni aucun droit.

Pour rappel, lors de ces violences répétées des troubles psychotraumatiques s’installent très fréquemment, entraînant, par la mise en place d’un mécanisme de survie psychologique et neuro-biologique face à la sidération et au stress extrême, un état de dissociation et d'anesthésie émotionnelle, et une mémoire traumatique qui vont empêcher la victime de comprendre ses réactions. Elle sait qu'elle subit des violences graves, injustifiables, mais comme elle est coupée de ses émotions, elle doute. La mémoire traumatique qui lui fait revivre sans fin les pires moment de terreur et de détresse à l’identique, la submerge avec des émotions qui explosent pour un oui ou pour un non, et pour lesquelles elle n’a pas toujours les clés pour les relier aux situations de violences subies, elle craint de devenir folle. Cet état de doute, d'incertitude, de confusion, et cette mémoire traumatique qui la colonise permet à l'agresseur d'assoir son emprise, de la manipuler et de lui dicter ses émotions, de contraindre ses pensées et de lui imposer un rôle dans sa mise en scène. La mémoire traumatique des phrases assassines de l’agresseur, de ses mises en scène de mépris vont encore accentuer son sentiment d'incompétence, ces phrases qui tournent en boucle dans sa tête pourront être considérées comme une émanation de son propre psychisme et comme des pensées et des jugements désastreux qu'elle produit elle-même (t’es nulle, bonne à rien, folle…), alors que ce ne sont que de pures productions des mises en scène de l'agresseur, qui construisent durablement chez la victime un sentiment de culpabilité, de honte, et une estime de soi catastrophiques. 

L’auteure, en nous confrontant directement à la violence insensée de cet homme, nous montre bien à quel point une violence aussi incohérente pour la personne qui la subit entraîne une négation de sa personnalité, de son histoire, de ses valeurs, de son sens de la vérité et de la justice, et détruit tous ses repères ; à quel point elle est vécue comme déshumanisante quand elle met en scène la victime comme un objet que l'on peut manipuler ou détruire à loisir, un objet sans valeur, un objet dégradé. Rien n’est vrai mais ces mises en scène peuvent finir par convaincre la victime de sa totale inanité. Et cette violence, parce qu’elle est impensable et sidérante, ne peut pas être absorbée, ni métabolisée, elle fait effraction et entraîne une hémorragie psychique avec un vécu d’anéantissement, laissant une sensation de vide et de mort psychique. C’est ce caractère sidérant qui la rend si traumatisante.

Mais l’auteur nous fait également découvrir que l’écriture quand elle est authentique et qu’elle résonne avec justesse, a le pouvoir de dépasser cette sidération, de réparer cette effraction en faisant émerger de façon têtue la vérité, en dénonçant les mises en scène, en révélant la réalité taboue de cette violence inouïe, incongrue, incohérente, incompréhensible, tapie là où on ne l'attend pas, là où elle ne devrait pas exister. En repérant l’intentionnalité de détruire, elle remet le monde à l’endroit et redonne de la cohérence et des repères humains universels qui réaffirment le respect des droits. L’écriture recrée alors un monde vivable, un monde qui ne brouille plus les cartes en tenant des discours mystificateurs.

Au-delà d’une histoire particulière qui nous interpelle, ce texte rend visibles toutes les violences cachées qui se commettent dans l’intimité d’un couple, d’une famille et qui sont si rarement reconnues. Il brise un silence de mort. Et en reconnaissant la réalité de leur calvaire, il redonne une histoire, une parole, une dignité et un espoir à toutes les victimes abandonnées qui luttent seules face à l’indicible.

Dre Muriel Salmona, le 18 mars 2013
Présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie
Auteure de : Le livre noir des violences sexuelles aux éditions Dunod, 2013


dimanche 13 octobre 2013

Manifeste Violences et Soins de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie avec sa pétition de soutien à signer


MANIFESTE
VIOLENCES ET SOINS


Association Mémoire Traumatique et Victimologie



DANS LE CADRE DU COLLOQUE 
VIOLENCES ET SOINS
SOINS DES VICTIMES/VICTIMES DES SOINS

DE L'ASSOCIATION MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE LE 5 NOVEMBRE À BOURG LA REINE

Pour s'inscrire (inscription libre, sans frais) :


Pour en savoir plus cliquez sur le lien :







En France, en 2013, l'absence de dépistage des violences, de protection des victimes et de soins spécialisés sont à l'origine d'un coût humain énorme et d'un coût très important en dépenses de santé et en aides sociales qui auraient pu être évités. Or Il est possible de combattre la violence, non par un tout-sécuritaire qui ne cible que certaines violences, mais par une prévention ciblée, une protection sans failles et une prise en charge spécialisée des victimes. Toute victime doit être protégée et soignée, ses droits doivent être respectés.

C'est un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences.


C'EST POURQUOI EN TANT QU'ASSOCIATIONS, EN TANT QUE PROFESSIONNEL-LE-S DU SOINS ET DE LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES, EN TANT QUE VICTIMES ET PROCHES DE VICTIMES, EN TANT QUE CITOYEN-NE-S NOUS AVONS LANÇÉ UN MANIFESTE ET UNE PÉTITION QUE VOUS POUVEZ SIGNER 
ICI  https://11136.lapetition.be



MANIFESTE
VIOLENCES ET SOINS

POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLENCES
 REÇOIVENT ENFIN DES SOINS APPROPRIÉS
ET POUR QUE LEURS DROITS SOIENT RESPECTÉS

Droit à être entendues, crues et reconnues
Droit à être secourues et protégées
Droit à être traitées avec dignité, bienveillance et attention, en respectant leurs demandes et avec leur consentement
Droit à recevoir des soins de qualité, sans frais par des professionnels compétents et formés, dans des lieux adaptés et accessibles à tous sur tout le territoire


EN 2013 CES DROITS FONDAMENTAUX NE SONT TOUJOURS PAS RESPECTÉS

AUSSI NOUS ACCUSONS

Les Politiques, les Pouvoirs Publiques, les professionnels censés prendre en charge ces victimes de violence et la société, dans leur  ensemble

D'ABANDONNER LES VICTIMES :

De ne pas les voir, de les ignorer, de ne pas les entendre, d'être dans le déni de la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé, de ne pas les secourir, de ne pas les protéger, de ne pas les soigner et souvent de les maltraiter.

Abandonner les victimes, être indifférent à leur sort c'est leur donner peu de valeurs 
et c'est conforter les agresseurs dans un sentiment de supériorité qui leur permet de s'octroyer le privilège d'instrumentaliser des victimes pour les soumettre et s'en servir comme esclave à leur service ou comme fusible pour s'anesthésier


DE NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER

Les violences menacent l'intégrité physique et psychique des victimes, elles peuvent représenter un risque vital (tentative d'homicide, stress extrême). Les violences sont à l'origine de graves troubles psychotraumatiques (dans 60% des cas pour les violences intra-familiales et jusqu'à plus de 80% des cas pour les violences sexuelles ) qui sont dus à des blessures neuro-psychiques que l'on peut voir sur des IRM. 

Ces blessures nécessitent des secours et des soins immédiats. Sans soins dans les 12 h qui suivent les violences, les mécanismes neuro-biologiques de sauvegarde dissociant mis en place au moment des violences pour échapper au risque vital du stress extrême (par disjonction du circuit émotionnel) vont être à l'origine d'une mémoire traumatique qui va avoir un impact très lourd sur leur santé. 

Les victimes sont alors aux prises avec une souffrance mentale maximale (en moyenne 9 sur 10 sur une échelle d'évaluation) qui s'apparente à une véritable tortue : les victimes traumatisées vont revivre de façon non contrôlée les situations de violences avec la même intensité, la même détresse, la même terreur, le même stress extrême, les mêmes douleurs, les mêmes sensations et émotions, ces réminiscences sont déclenchées par tout ce qui est susceptible de rappeler consciemment ou non les violences. 

Cette mémoire traumatique transforme leur vie en terrain miné, en une guerre permanente avec un sentiment de danger permanent et d'insécurité pendant des années, des dizaines d'années, voire toute leur vie si aucun soins approprié n'est donné. Abandonnées, les victimes de violences vont alors devoir mettre en place des stratégies de survie et d'auto-traitement très coûteuses pour leur santé et leur qualité de vie. 

Ce sont des conduites de contrôle, d'hypervigilance et d'évitement pour éviter toute explosion de leur mémoire traumatique (retrait, isolement, phobies, troubles obsessionnels compulsifs, insomnies) et des conduites dissociantes pour s'anesthésier émotionnellement si la mémoire traumatique a explosé ou si le risque est grand qu'elle explose (consommation de tabac, drogues et alcool, mise en danger et conduites à risques, anorexie-boulimie, auto-mutilations ou violences). Cette mémoire traumatique et ces stratégies de survie et d'auto-traitement sont responsables à la fois d'un état de santé dégradé (troubles mentaux, cardio-vasculaires , endocriniens, digestifs, génito-urinaires, immunologiques, infectieux, pulmonaires, etc.), de fatigue et de douleurs chroniques, de grossesses à risques, de mort précoces (accidents, suicides, maladies), de troubles cognitifs, d'échec scolaires et professionnels, de marginalisation, d'exclusion, de conduites addictives, de délinquance, avec une consommation très supérieure par rapport à la population générale de soins médicaux et d'aides sociales. Or les soins sont efficaces.

Nous rappelons que de nombreuses études scientifiques internationales, publiées depuis plusieurs années dans de grandes revue à comité de lecture, telles que celles de Felitti et Adda en 2010 (relayées par l'Organisation Mondiale de la Santé en 2010) démontrent qu'avoir subi des violences est un des déterminants principaux de l'état de santé d'une personne même 50 ans après si aucun soin n’est mis en place, et représente un des principaux facteurs de risque de présenter de nombreuses pathologies psychiatriques (troubles anxieux, dépressions, suicides, addictions, conduites à risque, troubles du sommeil, troubles alimentaires, troubles cognitifs…), cardio-vasculaires (article dans Circulation, journal de l'American Heart Association !) , pulmonaires, endocriniennes (diabète), neurologiques, maladies auto-immunes ... et de subir à nouveau des violences ou d'en commettre.

L’absence de soin aux victimes de violences est donc un véritable scandale de santé publique et représente pour elles une perte de chance de vivre en bonne santé et en sécurité. Il s'agit donc d'une grave atteinte à leurs droits. 



D'INJUSTICE


Les victimes de violence subissent des injustices en cascade : 

  • injustice d'être des victimes innocentes d'une violence aveugle, piégées dans une histoire qui ne les concerne pas ; 

  • injustice d'être victimes d'une société qui les expose doublement, d'une part en créant un contexte inégalitaire qui permet à des agresseurs d'utiliser leur position dominante pour les instrumentaliser, et d'autre part en ne mettant pas tous les moyens politiques en œuvre pour lutter contre les violences ; 

  • victimes de leur entourage qui ne veut ni voir, ni savoir, ni entendre, ni dénoncer ce qu'elles subissent dans l'intimité d'une famille, d'un couple, d'une relation ou dans l'espace clos d'un travail, d'une institution ; 

  • victimes de toute une mal-traitance commise par des professionnels censés les protéger, leur venir en aide, leur rendre justice et les soigner, qui souvent ne les croient pas, banalisent les violences et sous-estiment le danger qu'elles courent et les conséquences qu'elles subissent, par manque de formation surtout, mais aussi par négligence et manque d'empathie ; 

  • victimes de l'injustice désespérante de voir des agresseurs bénéficier dans l'immense majorité des cas d'une impunité totale, faute d'être dénoncés, d’être mis en examen, d’être déférés devant un tribunal ou d’être condamnés par une justice encore trop parasitée par de nombreuses idées reçues sur les victimes et les violences, et qui méconnaît de nombreux indices et de nombreuses preuves médicales, les agresseurs pouvant alors continuer à exercer des violences en toute tranquillité ; 

  • victimes de l'injustice d'être celles qui en fin de compte se retrouvent condamnées à souffrir, à se battre et à devoir se justifier sans cesse, à supporter mépris, critiques et jugements, à entendre des discours moralisateurs et culpabilisants pour des symptômes que personne ne pense à relier aux violences.


DE DISCRIMINATIONS


En ne luttant pas suffisamment contre toutes les inégalités et les discriminations qui rendent possibles de nombreuses violences discriminations sexistes, racistes, xénophobes, ethniques, liées à l'âge, à la grossesse, aux handicaps, à la maladie, à la pauvreté, aux convictions religieuses. Les femmes handicapées subissent trois fois plus de violences.

En ne protégeant et n'assurant pas des conditions de vie décente aux plus vulnérables et dépendants les enfants, personnes âgées et les personnes handicapées, les malades.

En tolérant des situations qui sont des atteintes graves à la dignité des personnes comme les situations d'esclavage, de grande pauvreté, en laissant des personnes vivre sans chez soi, en ne mettant pas tout en œuvre pour abolir le système prostitueur et protéger efficacement les personnes en situation prostitutionnelle et dans l’industrie pornographique.

En ne luttant pas contre les discriminations exercées sur les victimes qui sont soupçonnées a priori de mentir quand elles dénoncent les violences.



ET D'EXERCER DES VIOLENCES OU D'EN ÊTRE COMPLICE : VIOLENCES DE SOINS INAPPROPRIÉS ET VIOLENCES SOUS COUVERT DE SOINS

Les soins sont saturés de violence, au mieux il s'agit de la part des soignants de méconnaissance, de fausses représentations, au pire d'indifférence, de négligences, d'anesthésie émotionnelle, de discriminations, voire d'intention de nuire : de dominer, de manipuler ou de détruire. Et les soins sont singulièrement absents quand il s'agit de prendre en charge les victimes de violences.

Les soins s'exercent par définition sur des personnes en situation de vulnérabilité qu'elle soit ponctuelle liée à une maladie passagère, un traumatisme ou une grossesse, qu'elle soit durable liée à des maladies chroniques, à des handicaps physiques et mentaux ou à des états de grande dépendance tel que la petite enfance et le grand âge



 NOUS DEMANDONS POURQUOI


Pourquoi il n'existe pas de politique de santé qui prennent en compte l'impact de la violence sur la santé des personnes ? 
Alors qu’il s'avère que c'est un facteur de risque majeur !!!
Pourquoi il n'y a pas de formation des médecins, des psychiatres et des psychologues cliniciens à la psychotraumatologie ?
Pourquoi il n'y a pas de centre de soins spécifiques accessibles à tous sur tout le territoire ?
Pourquoi il n'y a pas de campagne d'information sur cette réalité ?


NOUS VOULONS


Une politique globale de lutte contre les violences et contre l’impunité dont bénéficient les agresseurs, avec une réelle application de la loi (en ne tolérant plus les correctionnalisation de crimes comme le viol)
une vraie politique de santé publique concernant les violences, 
une formation des professionnels de la santé,
des recommandations par l’HAS de prises en charge
 la mise en place par décret de centres de santé dédiés aux victimes de violences accessibles pour toutes les victimes de violences et proposant une prise en charge rapide et sans frais et si nécessaire anonyme par des professionnels compétents et formés dans chaque département, 
des campagnes d'information et de prévention grand public, 
la mise en place d'enquête et de recherches sur le sujet, 
la création d'un observatoire national sur l'impact des violences et la prise en charge des victimes


Personne ne doit plus se sentir coupable, ni honteux d'être victime de violences. Ce sentiment est crée de toute pièce, il s'agit d'une imposture, d'une manipulation pour mettre en place une inversion de responsabilité et un déni de justice. Cette imposture est véhiculée par une société inégalitaire qui diffuse le discours des dominants : à savoir qu'une victime se situe du côté des inférieurs, qu'elle ne vaut pas grand chose, qu'elle est nulle, faible, incapable. Et que tant pis pour elle, elle n'avait qu'à pas se laisser faire ou se laisser avoir… qu'elle y est certainement pour quelque chose !… qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait, ou bien qu'elle est méchante, menteuse, ou encore qu'elle n'a rien compris, que ce n'est pas si grave… Et cette imposture est confortée par le fait que les victimes sont abandonnées et jamais entendues, elles ne méritent donc pas d'être protégées et soignées, leurs paroles n'ont pas de valeur et justice n'a pas à leur être rendue.

IL FAUT ÊTRE SOLIDAIRE DES VICTIMES, ET LES SECOURIR !
LA DIGNITÉ EST DU CÔTÉ DES VICTIMES,


Contact : 

Association Mémoire Traumatique et Victimologie :
Dr Muriel Salmona, présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie,
mail : drmsalmona@gmail.com ; tél : 06 32 39 99 34
site : http://memoiretraumatique.org/

POUR PLUS D'INFORMATIONS LIRE LE PRÉAMBULE : http://stopauxviolences.blogspot.com/2011/02/campagne-2011-de-lassociation-manifeste.html


PLUS DE 1300 SIGNATAIRES DU MANIFESTE AU 15 OCTOBRE 2013

PÉTITION À SIGNER ICI