mardi 26 juin 2012

Nous accusons ! Manifeste & Pétition à signer contre l'impunité des violences et l'abandon que subissent les victimes : campagne Violences et Soins







Nous accusons !

 

MANIFESTE & PÉTITION

 

à signer : ici

contre l'impunité des violences

 

et l'abandon que subissent les victimes : 



lance la campagne


VIOLENCES ET SOINS




En France, en 2013, l'absence de dépistage des violences, de protection des victimes et de soins spécialisés sont à l'origine d'un coût humain énorme et d'un coût très important en dépenses de santé et en aides sociales qui auraient pu être évités. Or Il est  possible de combattre la violence, non par un tout-sécuritaire qui ne cible que certaines violences, mais par une prévention ciblée, une protection sans failles et une prise en charge spécialisée des victimes. Toute victime doit être protégée et soignée, ses droits doivent être respectés.
C'est un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences



C'EST POURQUOI EN TANT QU'ASSOCIATIONS, EN TANT QUE PROFESSIONNEL-LE-S DU SOINS ET DE LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES, EN TANT QUE VICTIMES ET PROCHES DE VICTIMES, EN TANT QUE  CITOYEN-NE-S NOUS AVONS LANÇÉ LE 22 FÉVRIER 2011:

UN MANIFESTE ET UNE PÉTITION SUR VIOLENCES ET SOINS :  http://11136.lapetition.be/
  
Nous avons recueilli déjà plus de 900 signatures , en 2013 la campagne continue jusqu'à un colloque VIOLENCES ET SOINS organisés par l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie à la fin de l'année (la date sera communiquée ultérieurement).


POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLENCES SOIENT ENFIN PROTÉGÉES, POUR QU'ELLES REÇOIVENT DES SOINS APPROPRIÉS ET POUR QUE LEURS DROITS SOIENT RESPECTÉS


Droit à être entendues, crues et reconnuesDroit à être secourues, protégées et informéesDroit à ce que justice leur soit renduDroit à être traitées avec dignité, bienveillance et attention, en respectant leurs demandes et avec leur consentementDroit à recevoir des soins de qualité, gratuits par des professionnels compétents et formés, dans des lieux adaptés et accessibles à tousDroits à ne pas subir de violence dans le cadre des soins et de la prise en charge


EN 2012 CES DROITS FONDAMENTAUX NE SONT TOUJOURS PAS RESPECTÉS AUSSI NOUS ACCUSONS :

Les Politiques, les Pouvoirs Publiques, les professionnels censés prendre en charge ces victimes de violence et la société, dans leur  ensemble


D'ABANDONNER LES VICTIMES :


De ne pas les voir, de les ignorer, de ne pas les entendre, d'être dans le déni de la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé, de ne pas les secourir, de ne pas les protéger, de ne pas leur rendre justice, de ne pas les soigner et souvent de les maltraiter lors de leur parcours de prise en charge et de soin.Abandonner les victimes, être indifférent à leur sort, c'est leur donner peu de valeuret c'est conforter les agresseurs dans un sentiment de supériorité qui leur permet de s'octroyer le privilège d'instrumentaliser des victimes pour les soumettre et s'en servir comme esclave à leur service ou comme fusible pour s'anesthésier.


DE NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER :


Les violences font courir des risques majeurs aux victimes et à leurs proches qui en sont  témoins (surtout les enfants). Elles ont de graves répercussions immédiates et à plus long terme sur la santé et sur le développement psychologique et social des personnes. Elles constituent l'un des principaux problèmes de santé publique dans le monde et sont un déterminant majeur de la santé d'une population  (cf le préambule):


risque d'homicides, de blessures graves, de contamination et de grossesses lors des violencesrisque important de morts précoces avec un risque accru d'accidents (liés aux troubles de l'attention et de la concentration, aux absences, aux mises en danger, multipliés par 10), de suicides (risque 10 à 20 fois supérieur), risque pour la santé mentale avec d'importants troubles psychotraumatiques  : souffrance mentale, dépression, troubles anxieux, phobiques et obsessionnels, troubles du sommeil, troubles dissociatifs, troubles du comportement alimentaire et sexuel, troubles des conduites - mises en danger, auto-mutilations, jeux dangereux, sexualité à risque, conduites addictives - trouble de la personnalité, sentiment d'insécurité, de culpabilité, de honte et absence d'estime de soi)risque pour la santé physique : maladies consécutives aux séquelles des violences, maladies liées au stress (cardio-vasculaires, endocriniens particulièrement diabète, digestifs, génito-urinaires, immunologiques, infectieux, pulmonaires, etc), maladies liées aux conduites à risque (contamination, grossesses précoces, grossesses à risques, conséquences sur la santé de la consommation de tabac, d'alcool, de drogue, de la sur-consommation de médicaments), maladie liées à la dissociation et à l'anesthésie émotionnelle (manque de prévention, négligences graves), avec une augmentation très importante de demande de soins, de consommation d'examens médicaux et d'interventions chirurgicales (liées à la mémoire traumatique, multipliées par 8)risque d'échecs scolaires et professionnels, d'invalidité, d'isolement social, de marginalisation et d'exclusion, de grande pauvreté, de prostitution, d'alcoolisme et de toxicomanie, de subir de nouvelles violences, de commettre des violences, risque de délinquance


D'INJUSTICES


Les victimes de violence subissent des injustices en cascade : 


injustice d'être des victimes innocentes d'une violence aveugle, piégées dans une histoire qui ne les concerne pas ; injustice d'être victimes d'une société qui les expose doublement, d'une part en créant un contexte inégalitaire qui permet à des agresseurs d'utiliser leur position dominante pour les instrumentaliser, et d'autre part en ne mettant pas tous les moyens politiques en œuvre pour lutter contre les violences ; victimes de leur entourage qui ne veut ni voir, ni savoir, ni entendre, ni dénoncer ce qu'elles subissent dans l'intimité d'une famille, d'un couple, d'une relation ou dans l'espace clos d'un travail, d'une institution ; victimes de toute une mal-traitance commise par des professionnels censés les protéger, leur venir en aide, leur rendre justice et les soigner, qui souvent ne les croient pas, banalisent les violences et sous-estiment le danger qu'elles courent et les conséquences qu'elles subissent, par manque de formation surtout, mais aussi par négligence et manque d'empathie ; victimes de l'injustice désespérante de voir des agresseurs bénéficier dans l'immense majorité des cas d'une impunité totale, faute d'être dénoncés, d’être mis en examen, d’être déférés devant un tribunal ou d’être condamnés par une justice encore trop parasitée par de nombreuses idées reçues sur les victimes et les violences, et qui méconnaît de nombreux indices et de nombreuses preuves médicales, les agresseurs pouvant alors continuer à exercer des violences en toute tranquillité ; victimes de l'injustice d'être celles qui en fin de compte se retrouvent condamnées à souffrir, à se battre et à devoir se justifier sans cesse, à supporter mépris, critiques et jugements, à entendre des discours moralisateurs et culpabilisants pour des symptômes que personne ne pense à relier aux violences.


DE DISCRIMINATIONS



En ne luttant pas suffisamment contre toutes les inégalités et les discriminations qui rendent possibles de nombreuses violences : discriminations sexistes, racistes, xénophobes, ethniques, liées à l'âge, la grossesse, les handicaps, la maladie, la pauvreté, les convictions religieuses ;`En ne protégeant et n'assurant pas des conditions de vie décente aux plus vulnérables et aux plus dépendants comme les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées et malades ;En tolérant des situations qui sont des atteintes graves à la dignité des personnes comme les situations d'esclavage, de grande pauvreté, les situations de grande marginalité et d'exclusion (SDF), les situations prostitutionnelles et la pornographie, les discriminations exercés sur les victimes en les soupçonnant a priori de mentir quand elles dénoncent les violences.



ET D'EXERCER DES VIOLENCES OU D'EN ÊTRE COMPLICE : VIOLENCES DE SOINS INAPPROPRIÉS ET VIOLENCES SOUS COUVERT DE SOINS



La majorité des victimes ne bénéficient pas des soins appropriés indispensables.


Les soins sont saturés de violence, au mieux il s'agit de la part des soignants de méconnaissance, de fausses représentations, au pire d'indifférence, de négligences, d'anesthésie émotionnelle, de discriminations, voire d'intention de nuire : de dominer, de manipuler ou de détruire. Et les soins sont singulièrement absents quand il s'agit de prendre en charge les victimes de violences.


Les soins donnés aux victimes sont souvent uniquement symptomatiques et tiennent rarement compte des violences, aucun lien n'est fait dans l'ensemble, ce qui rend les soins inefficaces dans la durée. L'expression de la mémoire traumatique peut-être trompeuse et conduire à des erreurs diagnostiques, par exemple dans le cas de réminiscences qui prennent la forme de douleurs (lors des coups et des sévices), d'étouffement (quand il y a eu strangulation par exemple), de nausées, de vomissements, d'absences, de vertiges, voire d'évanouissement (comme lors des violences), de sons ou de phrases, de cris ou d'images ou de sensations tactiles qui peuvent prendre la forme d'hallucinations. Des examens et des interventions chirurgicales inutiles peuvent être pratiqués, des diagnostics erronés préjudiciables pour les victimes peuvent être faits, comme celui de psychose entraînant de longues hospitalisations en service fermé et des traitements lourds et invalidants.


Souvent les traitements psychiatriques proposés ne sont qu'anesthésiants émotionnellement et dissociants, comme les traitement très sédatifs, les électro-chocs, l'isolement la contention, les amphétamines pour les enfants hyper-actifs (la psychiatrie dans la première moitié du siècle avait utilisé la "faradisation", les comas insuliniques, et en France, jusque dans les années 50, la lobotomie, cette dernière est encore pratiquée dans certain pays).


Les violences exercées sur des personnes en crise (qui revivent les traumatismes lors de l'allumage de leur mémoire traumatique) sont malheureusement "efficaces" à très court terme car elles vont entraîner une disjonction et une anesthésie émotionnelle qui vont calmer la personne, mais elles sont catastrophiques car elles traumatisent à nouveau la victime et rechargent sa mémoire traumatique. Ils peut s'agir de violences verbales (injures, propos dégradants), psychologiques (chantages, menaces), physiques (contention, isolement, privations, douches froides).


Les soins s'exercent par définition sur des personnes en situation de vulnérabilité, que cette situation de vulnérabilité soit ponctuelle, liée à une maladie passagère, un traumatisme ou une grossesse, ou qu'elle soit durable, liée à des maladies chroniques, à des handicaps physiques et mentaux ou à des états de grande dépendance tels que la petite enfance et le grand âge. Cette vulnérabilité expose les patients à des violences encore plus fréquentes que dans le reste de la population, de la part de soignants, de proches ou d'autres malades. 


Les violences sexuelles commises par des soignants, particulièrement par les médecins, sont bien plus fréquentes que l'on pense, elles font l'objet d'un déni et d'une loi du silence. La position d'autorité d'un médecin, l'abus d'une confiance implicite qu'il détourne pour son propre compte, la mise en scène d'une dette que lui devrait la patiente pour les soins prodigués, permettent à un médecin d'imposer des actes violents, d'escroquer émotionnellement et de manipuler facilement une patiente ou un patient pour qui dire non ou se défendre sera impossible, comme lors d'un inceste parent-enfant. En France, aucune étude n'a été faite sur ces violences qui auront de graves conséquences sur les victimes, et nous ne disposons d'aucun chiffre. D'après des études américaines environ 10% des médecins, psychiatres et psychologues avaient eu des contacts sexuels avec leurs clients, et au moins 89% des contacts sexuels dans le cadre de relations professionnelles du domaine de la santé avaient eu lieu entre un homme professionnel et une femme cliente.


On sait qu'une personne handicapée court trois fois plus de risques qu'une personne valide de subir des violences. Les chiffres canadiens (nous n'avons pas de chiffres en France) montrent que 40% des femmes présentant un handicap physique subissent au moins une agression sexuelle au cours de leur vie, et que 39 à 68% des femmes présentant une déficience mentale subissent au moins une agression sexuelle avant 18 ans. Ces violences sont alors un facteur d'aggravation du handicap et d'exclusion.


NOUS DEMANDONS 



Pourquoi n'y a-t-il pas de politique de santé qui prenne en compte l'impact de la violence sur la santé des personnes ? Alors qu'il est avéré qu'il s'agit d'un facteur de risque majeur !!!Pourquoi n'y a-t-il pas de formation des médecins, des psychiatres et des psychologues cliniciens à la psychotraumatologie pendant leurs études et dans le cadre d'une formation continue ?Pourquoi n'y a-t-il pas de centre de soins spécifiques accessibles à tous et sur tout le territoire et dans chaque département ?Pourquoi n'y a-t-il pas de campagnes qui diffusent des informations sur l'impact sur la santé des violences  ?



NOUS VOULONS



Une vraie politique de santé publique concernant les violences,une véritable protection pour toutes les victimes de violences,des soins de qualité et de proximité, précoces, spécialisés et gratuits pour toutes les victimes de violence une formation des professionnels de la santé à la prévention, au dépistage et aux soins des victimes de violences, des centres de santé pour les victimes dans chaque département, des campagnes d'information et de prévention grand public, la mise en place d'enquête et de recherches sur le sujet, la création d'un observatoire national sur l'impact des violences et la prise en charge des victimes



Personne ne doit plus se sentir coupable, ni honteux d'être victime de violences. Ce sentiment est  crée de toute pièce, il s'agit d'une imposture, d'une manipulation pour mettre en place une inversion de responsabilité et un déni de justice. Cette imposture est véhiculée par une société inégalitaire qui diffuse le discours des dominants : à savoir qu'une victime se situe du côté des inférieurs, qu'elle ne vaut pas grand chose, qu'elle est nulle, faible, incapable. Et que tant pis pour elle, elle n'avait qu'à pas se laisser faire ou se laisser avoir… qu'elle y est certainement pour quelque chose !… qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait, ou bien qu'elle est méchante, menteuse, ou encore qu'elle n'a rien compris, que ce n'est pas si grave… Et cette imposture est confortée par le fait que les victimes sont abandonnées et jamais entendues, elles ne méritent donc pas d'être protégées et soignées, leurs paroles n'ont pas de valeur et justice n'a pas à leur être rendue.


IL FAUT ÊTRE SOLIDAIRE DES VICTIMES, ET LES SECOURIR !LA DIGNITÉ EST DU CÔTÉ DES VICTIMES, L'INDIGNITÉ DU CÔTÉ DES AGRESSEURS



Contact : Association Mémoire Traumatique et Victimologie :Dr Muriel Salmona, présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie, mail : drmsalmona@gmail.com ; tél : 06 32 39 99 34 site : http://memoiretraumatique.org/


Dr Muriel Salmona, Bourg la Reine, le 22 février 2011, journée européenne des victimesPrésidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie


mail : drmsalmona@gmail.comsite : www.memoiretraumatique.org





Encore un nouveau témoignage sur viols et soins dans le cadre de la campagne de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie





Encore un nouveau témoignage 
sur viol et soins 
dans le cadre de la campagne
de l'Association 
 Pétition à signer ici




Un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences 



N'hésitez pas à témoigner de tous les dysfonctionnements dans la prise en charge dans le cadre de cette campagne pour sensibiliser et mobiliser les politiques à cette situation scandaleuse !



Témoignage :


Je me présente très rapidement, j'ai 38 ans et je vis en concubinage. J'ai été attouché par mon frère (j'avais environ 8 ans et lui 3 ans de plus). A l'âge de 16 ans, alors que je ne connaissais rien de l'amour, j'ai servi de "cobbaye" à mon cousin âgé à l'époque de 15 ans. Il m'a violé pendant une semaine, toutes les nuits. J'ai, je pense, tout subi au niveau psychologique : chantage, menace, commentaire grivois, manipulation mentale...
A la fin de cette semaine, je suis repartie de chez ses grands parents abasourdie, ne comprenant pas ce qui m'était arrivée. Puis au fil des mois et des années, ma mémoire a enfoui tous les détails de ces abus sexuels. Je me souvenais, du moins, je savais que j'avais été violé mais je ne savais plus comment ni de quelle façon. C'était le trou noir. J'ai donc vécu dans ce que je pourrais appeler une cage dorée. Ca a duré 10 ans. Quelques années après les abus, j'ai commencé à avoir des flashs, faire des cauchemars, j'étais prise de panique sans cause apparente. J'étais mal, de plus en plus mal. J'ai alors multiplié les conduites à risque, j'ai joué avec la mort, la défiant sans cesse. Puis j'ai commencé à en parler, me disant que forcément, on me croirait. La première personne à qui je l'ai dit, c'est ma mère. Elle m'a fusillé du regard et m'a traité de menteuse et de sale p... blessée par ces propos, je ne lui en ai plus js reparlé. Puis ce fut une autre personne de confiance qui après m'avoir écouté m'a juste dit que c'était des jeux de gosses qui avait mal tourné. 

Je fus à nouveau blessé et choqué d'entendre ça. Persistante, j'en ai parlé à nouveau à quelqu'un d'autre (une de mes amies de l'époque) elle m'a dit que c'était "entre ados" et que, comme c'était "juste des doigtés", ce n'était pas vraiment un viol. Je continuais donc à vivre avec ce poids sur le coeur et sur l'âme tout en me disant que c'était peut être pas si grave que ça ce qui m'était arrivé, que les personnes à qui j'en avais parlé avaient peut être raison, que je n'avais pas été violé, et pourtant, ma souffrance, la douleur étaient lancinantes… Je voulais mourir souvent, trop souvent. J'ai donc décidé d'aller voir un psy, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq, puis six. Ils eurent tous un comportement différent mais qui ne me convenait nullement. Le premier se contentait d'hôcher la tête sans rien dire. La deuxième me fit un chantage odieux (qui me rappelait étrangement celui de mon cousin) : soit je portais plainte contre lui, soit j'arrêtais la psychotérapie avec elle... Le troisième me lança que franchement, c'était pas si grave que ça, que j'étais toujours en vie !  la quatrième me crut à peine et me balança "vous parlez d'amnésie post traumatique, comment peut-on oublier des actes aussi graves ?" . La cinquième et la sixème ne furent pas mieux que les autres. Du genre obstinée, je finis par intégrer un groupe de parole qui m'aida, en parallèle je fus suivi par une psychiatre qui au bout de deux ans estima que je pouvais arrêter les entretiens, que de toute façon, elle ne pouvait plus rien faire pour moi !

Très honnêtement, après tous ces échecs plutôt cuisants, j'allais quand même nettement mieux. J'avais même l'impression d'avoir accouché d'une autre vie, mais un an plus tard (soit un peu plus de dix ans), je décidais de re rencontrer un mec. J'eus la grave erreur de "choisir" un type sur un réseau téléphonique. Je choisis même de le rencontrer chez moi. Dès le premier soir, j'y passais, aucune précaution, aucune tendresse, aucun prélimaire, rien ! ce type me viola pendant quelques mois et ça tous les we. C''était ce qu'on appelle un pervers narcissique. J'ai claqué la porte lorsque j'ai appris par sa bouche qu'il voulait que l'on fasse un truc à trois (il voulait me présenter à un de ces potes et qu'on fasse l'amour tous les trois) .

Comme je ne voulais pas encore connaître le parcours du combattant d'avant (niveau psy je parle), je décidais d'essayer d'avoir de l'aide ailleurs. J'écumais donc le net, à la recherche de forums et de groupe qui pourraient m'aider. Là encore, je me suis complètement leurrée. N'étant pas des pros, je n'arrivais pas à trouver ma place, et comme j'ai un caractère disons assez passionné, je me suis fait virée de tous les groupes et forums qui existent sur le net. J'ai conscience qu'une psychotérapie après ces derniers abus m'auraient été nécessaire, j'ai donc essayé de consulter à nouveau, re re échec ! j'ai vu deux autres pys (deux psychologues) la première, alors qu'elle savait que j'avais un réel besoin de parler de mon ex, a focalisé ces entretiens sur mes parents, la deuxième m'a clairement fait comprendre qu'elle doutait que dans un couple, les viols existent !

Ce qui en résulte de tout ça aujourd'hui : je fuis les psys comme la peste. Je n'ai aucune confiance en l'être humain. Je ne demande plus d'aide de qui que ce soit (et poutant j'en aurais besoin) de peur d'être à nouveau déçue, rejetée, trahie, blessée, pas crue, pas bien prise en charge, etc... Les psychotérapeutes me dégoutent. Je souffre encore beaucoup de ce passé, mais je n'arrive plus à me confier. Mon parcours, le fait d'avoir été malmenée comme je l'ai été, a fait que je me réfugie maintenant dans ma bulle... Voilà quelles sont les conséquences désastreuses de tout ce suivi, ou plutôt ce non suivi. Alors je me débrouille seule, butée comme je suis ça ne risque pas de changer. Je me documente et je lis beaucoup, j'essaie de comprendre pourquoi je me conduis encore parfois comme je le fais, pourquoi j'ai encore des trucs bizarres qui me trottent dans la tête.

Oh bien sûr, si je m'écoutais, j'aurai encore beaucoup de questions à vous poser, beaucoup à apprendre de vous. Vous avez été la première et la seule personne pro à ne pas me rire au nez lorsque j'ai parlé de "fantasmes de viols". Les autres psys n'ont jamais pris ces fantasmes au sérieux... Ils les balayaient d'un revers de la main ou dédramatisaient en me disant que c'était juste des fantasmes et c'est tout. Voilà, je vais pas vous embêter plus longtemps. Merci de m'avoir lue, c'était long, désolée.

Témoignage après un viol de graves dysfonctionnement chez les professionnels censés protéger la victime : Ils n'ont vraiment pas peur pour elle !!!!!!




Nouveau témoignage sur viol, protections et soins
et les graves dysfonctionnement chez les professionnels censé assurer une protection de la victime :
Ils n'ont vraiment pas peur !!!!!!

dans le cadre de la campagne
de l'Association 
 Pétition à signer ici




Un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences 







Témoignage :



Alors que je sortais d'une soirée, j'ai été violée dans ma ville, par un inconnu, avec menace de mort.



C'est au bout d'un mois qu'une personne me poussera à parler, j'avais perdu 10kg. 
Ce jour là je me suis complètement effondrée, et les jours qui ont suivi ont été de plus en plus insoutenables .
Dans un premier temps, une empathie s'installera autour de moi, je verrai un médecin traitant, puis une psychologue qui me dira les premières séances que je ne suis pas coupable, que j'ai 10 ans pour porter plainte. Je vais être mise sous lexomil, par la suite viendront les anti depresseurs , l'abilify, le tercian , et les somnifères. 

Mon état s'empire, j'ai aussi l'impression d'être shootée, je n'arrive plus à me lever le matin, et l'on me poussera à travailler ainsi,. L'empathie a laissé place au " il faut prendre sur toi ", " qu'est ce que tu faisais en chemin aussi cette nuit là ",  " arrêtes d'y penser" … ma culpabilité n'aura de cesse de grandir.
Je vais également croiser à plusieurs reprises mon violeur, en allant chercher ou déposer mon enfant à l'école. Quand je commence à parler de dépôt de plainte j'entendrai : " à quoi ça te servirait qu'il soit derrière les barreaux", " s'il t'a revu, et qu'il n'a rien fait, c'est qu'il ne reviendra plus t'embêter ", je vais prévenir ma psychologue, mes employeurs , mais personne ne réagira. 

Visiblement aux yeux d'autrui, ce violeur n'est dangereux que pour moi, je suis la seule qui en ai peur,e et la seule à qui cela peut arriver ! je vais donc vivre dans la peur permanente de le croiser et je vais de plus en plus me sentir coupable d'avoir été violée ainsi que de ma souffrance et, ses conséquences qui semblaient démesurées aux yeux de tous. 
Je vais un jour me retrouver en pleine nuit dehors , un autre jour me tailler le bras , très peu de temps après je ferais une tentative de suicide avec médicaments 
J'avais l' impression d'être une morte vivante qui devait juste travailler, et qu'il ne fallait surtout pas ébruiter ce qui m' était arrivé.
Je vais cumuler les arrêt de travail , avec culpabilité toujours, l'envie de me jeter sous un train était grandissante.

Je vais le recroiser à nouveau en ville, avec un sourire, je vais  rentrer chez moi avec mon enfant complètement terrorisée, je me sens suivi et en danger, encore une fois je vais en parler , pas de réactions, je commence à me demander si je ne suis pas folle … une semaine après en pleine après midi,  je tomberai nez à nez face à mon violeur, je suis avec des enfants , à deux pas d'une école : il ne me laissera pas le temps de sortir mon téléphone , cognée au visage et dans les côtes, ça sera ma piqure de rappel ! deuxième menace de mort  ! 
Les gendarmes viendront me chercher sirène à fond et m' emmèneront pour m'interroger, dépôt de plaintes, portrait robot, ils me diront qu'ils feront tout pour le retrouver. Ca se terminera par un tuyau pour me sentir plus en sécurité : une bombe d'acrymo. 

J'ai eu ensuite une expertise psy, que j'ai très mal vécu. Il m'a fallu répondre à de multiples questions sur mon enfance, ma scolarité, mes parents, avec une série de pourquoi, puis du pourquoi j'étais parti de chez mes parents, du pourquoi je vivais seule, parlé de ma sexualité actuelle aussi, si j'avais un partenaire, si non si je me masturbais , etc. Non seulement cela m'a été insupportable mais il en rajoutait en me disant " c'est quand même pas dur comme question ",  j'ai réellement eu envie de tout péter dans son bureau et quand je lui ai demandé si c'était obligatoire que je réponde à une telle question ( sur mon enfance) il m'a répondu "  c'est pour vous aider pour votre dossier ".  Je suis ressortie seule  avec encore l'envie de mourrir,  j'ai eu beaucoup de mal à rentrer surtout qu'encore une fois on m'attendait pour travailler !!! J'en parlerai à ma psy de cette expertise mal vécue, mais elle n'y verra aucun problème. 

Je vais ensuite déménager mais dans la commune voisine,  ce qui me permettra de ne pas perdre mon emploi, bien que n'étant pas apte du tout à travailler et en danger dans mon ancienne ville, mais apparemment il n'y avait pas de quoi, alors mon bien être, ma santé, et ma sécurité passaient en second plan.

Quatre mois après mon dépôt de plainte, la gendarmerie m'appellera, je demanderai pour combien de temps il y en a, afin de m'organiser pour la garde de mon enfant, on me dira " Ca ne dépendra que de vous " !!!  
J' irais seule, un officier me dira " on pense que vous nous dites pas toute la vérité, que vous le connaissez ",  ce qui m'a achevé. Il a enchainé " on vous croit",  se référant à mon expertise psy,  puis "on va vous faire visionner des photos et vous poser des questions plus précises."
Me voilà à répéter que je ne le connaissais absolument pas, on va me montrer quand même des photos de personnes connues, je sens une pression qui n'a aucun sens, si ce n'est celui de me rendre encore plus mal.
On va ensuite me demander avec qui j'ai parlé pendant la soirée, de quoi, comment je me sentais moralement, combien de verre exact j'ai bu, etc. Et si j' avais vu des personnes autres que mon violeur autour de moi pendant le viol, et apres le viol. Là je vais craquer !
Ca se terminera en me disant que la prochaine fois si je le croise, il faudra que je le prenne en photos, et les appeler immédiatement. 

A partir de ce moment là, j'ai tout stoppé, les médicaments, ma psychologue et mon travail. Je vais aller voir plusieurs fois la gendarmerie pour prendre des nouvelles, je ressortirai avec : " il faudrait que vous le re-croisiez pour qu'on l'attrape, ou hélas il faudrait d'autres victimes ! ", et " pourquoi vous ne pouvez plus aller travailler ?, il faut vivre normalement et sortir pour votre enfant ". C'est donc à moi d'arrêter mon violeur !! peu importe le danger, je vais du coup avoir un sentiment insupportable d'être responsable de sa liberté en pensant aux autres victimes.

Je me suis sentie en grande détresse,  je ne pouvais plus sortir de chez moi sans crises d'angoisses , les seules sorties étaient celles d'emmener mon enfant à l'école, et les courses très loin de mon domicile avec un sentiment d'insécurité permanente. En parallèle,  ma mémoire traumatique s'est réveillée violemment avec beaucoup de flashs sur mon enfance où j'ai connu sévices sexuels, actes de torture, et tentatives de meurtre. 

A ce jour je ne suis plus seule, j'ai enfin les soins adaptés à mes traumatismes avec une psychiatre spécialisée, et c'est ce qui fait que je suis en vie et que je peux avancer.

Il y a une semaine,  j'ai croisé mon violeur qui était à pied et qui m'a vu. J'étais en voiture avec mon enfant à quelques pas de la gendarmerie, en 2 minutes ils étaient prévenus ; après le descriptif de ses habits, j'ai dû refaire le descriptif de son visage malgré le portrait robot,  après une demi heure de recherche, c'était fini ! "On ne l'a pas retrouvé, on est même allé jusqu'à la ville **** " . Sont- ils sortis de leur voiture ? non. Ont-ils interrogés des personnes ? ciblés les lieux où j'ai vu ce violeur au lieu d'aller en voiture jusqu'à la ville voisine ? non.

Ils vont enfin se mettre à réaliser quelque chose : " il doit en effet connaitre des personnes dans le secteur " ça fait 8 mois que je le leur dis, mais la parole d'une victime c'est quoi ? ! 

Puis avec une empathie sortie tout droit de l'école, on va me dire qu'il aurait fallu que je reste près de mon violeur, tout en me protégeant dans ma voiture. Il aurait fallu le suivre, voir sa direction, et les appeler en même temps : " à faire la prochaine fois si vous le voyez ! Ils ne comprennent pas que je ne veux pas de prochaine fois  ! Que le danger est réel, me dire aussi que la vie est difficile, merci mais je le sais !!!  Ils vont aussi être très rassurants et sécurisants en me disant d'essayer de rester à l'abri ce soir là , pas seule ! J' étais terrorisée…

Aujourd'hui, c'est moi qui ai peur, je refais des crises d'angoisses dès que je sors même loin de la ville où cela s'est passé, ça fait 4 jours que je suis enfermée chez moi. C'est moi qui ai perdu mon emploi, qui ai du déménager et qui vais sûrement redéménager, c'est à moi, la victime, de me protéger. C'est mon enfant, qui a dû arrêter l'école du jour au lendemain, et qui ne peut plus aller même au parc avec ses copains-copines.  Pendant ce temps là, un violeur impuni, peut lui marcher tranquillement en ville, avec son sentiment de toute puissance …






lundi 25 juin 2012

Communiqué de presse de soutien à Mme Najat Vallaud Belkacem, mistre des Droits des femmes et porte-parole du Gouvernement de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie Bourg la Reine, le 25 juin 2012





Communiqué de presse 
de l'Association 
Mémoire Traumatique et Victimologie
Bourg la Reine, le 25 juin 2012
http://memoiretraumatique.org/
Nous soutenons et nous accueillons avec satisfaction les récentes déclarations à la presse de Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement ré-affirmant la position abolitionniste de la France, et s'engageant à ce que le gouvernement se donne tous les moyens d'abolir la prostitution. 
Les déclarations de Mme Najat Vallaud-Belkacem reprennent la résolution « réaffirmant la position abolitionniste de la France en matière de prostitution » que l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité le 6 décembre 2011. Cette proposition de loi a été présentée par la députée PS Danielle Bousquet, le député UMP Guy Geoffroy, et tous les présidents de groupes. Mme Danielle bousquet, qui a présidé une mission d'information parlementaire sur la prostitution en France très documentée rendue le 13 avril 2011, avec Guy Geoffroy comme rapporteur (mission pour laquelle nous avons été auditionnées), a déposé une proposition de loi le jour-même visant à responsabiliser les clients de la prostitution en pénalisant l'achat de services sexuels, à renforcer la protection des victimes de la traite des êtres humains et du proxénétisme, et à proposer des alternatives à la prostitution.
Notre expérience et notre expertise en tant que professionnels de la santé prenant en charge des personnes étant ou ayant été en situation prostitutionnelle ainsi que les nombreuses études médicales internationales sur l'impact sur la santé de la prostitution montrent que :
  • la prostitution est non seulement une atteinte à la dignité des personnes et une discrimination sexiste, mais elle est une atteinte à aux droits de vivre en sécurité (sans subir de violence) des personnes en situation prostitutionnelle, une atteinte à leurs droits à la santé et à un accès à des soins adaptés par des professionnels formé et compétents (la prostitution représente une perte de chance importante en matière de santé). 
  • la prostitution est traumatisante pour les personnes en situations prostitutionnelles, elle est à l'origine d'importants troubles psychotraumatiques retrouvés chez 60% à 80% d'entre elles, entraînant de lourdes conséquences sur leur santé physique, psychique et sexuelles, les obligeant faute de soins appropriés à devoir composer avec une mémoire traumatique qui leur fait revivre toutes les situations les plus traumatisantes et à recourir à des mécanismes de défense et des stratégies de survie anesthésiants coûteux entraînant des processus de dissociation et de décorporalisation : dissociation psychique entre la personnalité prostituée et la personnalité "privée" de la personne prostituée,  dissociation physique avec des troubles de la sensibilité corporelle et sensorielle: hypoesthésie, anesthésie, seuil de tolérance à la douleur élevé
  • ces traumatismes sont dus aux violences répétées que subissent les personnes prostituées (et les troubles psychotraumatiques sont des réponses normales liées à la mise en place de mécanismes neuro-biologiques de sauvegarde face au stress extrême et aux atteintes cardiologiques et neurologiques provoquées par les violences). Ces violences sont omniprésentes : violence de la situation prostitutionnelle elle-même, violences pendant la situation prostitutionnelle auxquelles sont exposées les personnes prostituées, violences précédant l'entrée en situation prostitutionnelle, risque important de subir de nouvelles violences après la sortie de la situation prostitutionnelle.
  • violence de la situation prostitutionnelle

La situation prostitutionnelle réifie les personnes prostituées, et transforme leur corps en marchandise, elle met en scène un mépris de leur personnalité, un déni de leurs désirs, une ignorance de leur identité humaine (elles sont interchangeables), une assimilation à un objet sexuel totalement "utilisable", des humiliations et des injures (en résumé tout ce qui fait le caractère humain unique d'une personne est nié et doit disparaître au bénéfice du rapport strictement commercial), à l'image de la pornographie, la prostitution permet aux clients prostitueurs de mettre en scène une « érotisation » de la haine, de la violence et de l’humiliation vis-à-vis des femmes.
De plus, dans la plus grande majorité des cas (80%) il s'agit d'une situation de traite des êtres humains et d'esclavage sexuel organisés par des réseaux, avec une impossibilité pour les clients prostitueurs de savoir si la personne prostituées est victime de ces réseaux ce qui le rend coupable de complicité d'activité criminelle, de même il lui sera très difficile de s'assurer que la personne prostituée est majeure, ce qui le rend là aussi coupable de délit aggravé ou de crimes.
  • violences pendant la situation prostitutionnelle

La situation prostitutionnelle expose les personnes prostituées à de nombreuses violences  71% des personnes prostituées ont subis des violences physiques avec dommages corporels (clients, proxénètes), 63% ont subis des viols, 64% ont été menacées avec des armes,75% ont été en situation de SDF à un moment de leur parcours, 89% veulent sortir de la prostitution (Melissa Farley, 2003).
Une étude prospective aux USA sur 33 ans de 1969 femmes (John J. Potterat, 2003) a montré que pendant la situation prostitutionnelle les personnes prostituées ont un taux de mortalité bien plus important que la population générale (femmes de même âge, mêmes origines) 459/100 000 contre 5,9/100 000 (x78) avec une moyenne d’âge de décès à 34 ans les causes de mortalité sont l’homicide, la prise de drogues, les accidents, l’alcool, la situation prostitutionnelle est l'activité la plus à risque de mort par homicides (clients, proxénètes) avec 204/100 000, le métier le plus dangereux aux USA étant à 29 homicides /100 000 pour les hommes et 4 homicides/100 000 pour les femmes).
  • violences avant l'entrée en situation prostitutionnelle :

On retrouve dans toutes les études chez les personnes en situations prostitutionnelles  des antécédents de violences avec de multiples violences exercées le plus souvent depuis la petite enfance : maltraitance 59%, agression sexuelles dans l’enfance de 55% à 90%, étude de Mélissa Farley en 2003 (dans 9 pays et 854 personnes prostituées) : 63% avec en moyenne 4 auteurs pour chaque enfant), la majorité des situations prostitutionnelles débutent avant 18 ans (moyenne 13-14 ans)
le taux d’antécédents de violences sexuelles retrouvés chez les personnes prostituées est extrêmement important et le lien entre violences sexuelles subies pendant l'enfance et entrée en prostitution est évident :
  • en 1978 aux États Unis à San Francisco, une étude montre que 80% des personnes prostituées enquêtées ont été victimes de violences sexuelles : 37% d’incestes, 33% de violences sexuelles, 60% de viols
  • en 1981 aux États Unis une étude sur 200 des personnes prostituées montre que 60% avaient été maltraitées sexuellement à un âge moyen de 10 ans
  • en 1986 aux États Unis une étude montre que 60 à 65% des personnes prostituées étudiées ont subi des violences sexuelles
  • en 2003 une étude de Mélissa Farley (dans 9 pays et 854 personnes prostituées) : 63% avec en moyenne 4 auteurs pour chaque enfant), la majorité des situations prostitutionnelles débutent avant 18 ans (moyenne 13-14 ans)
  • en 2008 une étude australienne montre que 75% des personnes prostituées ont subi des violences sexuelles avant 16 ans
  • en mars 2010 le CFCV collectif féministe contre le viol montre dans une étude faite sur les 187 appels de personnes prostituées reçus à la permanence viols femmes-informations de 1998 à fin 2007 que 100% ont été agressées sexuellement avant d’avoir été exposées à la prostitution. 402 agresseurs ont été dénombrés soi une moyenne de 2,15 agresseurs par victime
  • violences après la sortie de la situation prostitutionnelle :

Du fait des troubles psychotrauatiques, avoir subi des violences du fait des troubles psychotraumatiques expose à de nouvelles violences, l'OMS en 2010 a déclaré que le principal risque d'être victime de violences est d'avoir déjà subi des violences.
Ces chiffres impressionnants montrent que l'entrée en situation prostitutionnelle est une conséquence fréquente de violences subies dans l'enfances, particulièrement de violences sexuelles, ces violences très souvent non identifiées (avec des victimes qui sont abandonnées à leur sort sans protection, ni prise en charge, aux prises avec une loi du silence) sont à l'origine d'atteinte à leur dignité (le ou les agresseurs leur signifiant que leur corps ne leur appartient pas, qu'ils ont le pouvoir de les nier, et de les réduire à des objets sexuels que l'on peut torturer pour son plaisir), de fugues et de départ précoces pour fuir le milieu familial maltraitant (situations à risque et de précarité qui les mettront en danger) et d'importants troubles psychotraumatiques avec une mémoire traumatique des violences qui va les coloniser ensuite transformant leur vie en enfer en leur faisant revivre les terreurs et les souffrances des agressions sexuelles, les mises en scène pornographiques de/des agresseur-s, leurs propos orduriers et dégradants, ainsi que l'état d'excitation et de jouissance perverse des agresseurs. 
Et cette mémoire traumatique fera qu'au moindre lien rappelant les violences ou lors de stress importants, leur champ psychique sera envahi par des scènes de violences sexuelles, par les phrases prononcées par les agresseurs "tu n'es qu'une salope, qu'une putain", "tu n'es bonne qu'à ça", "tu aimes ça", par les comportements méprisants et humiliants des agresseurs, etc. Cette colonisation par les violences et les agresseurs les rend vulnérables et peut leur fait croire qu'elles ne valent rien et qu'elles "ne méritent que ça", qu'elles sont "coupables et doivent être punies", qu'elles peuvent supporter l'insupportable, voire même "aimer" être dégradées sexuellement, voire "en jouir", ce qui est faux bien sûr et créé de toute pièce par les agresseurs et par la mémoire traumatique des agressions (les scénari, l'excitation, la jouissance qui les colonisent ne sont pas les leurs, mais ceux des agresseurs). Les réminiscences de violences sexuelles peuvent être prises pour des "fantasmes" de viols, les réminiscences de propos les traitant de "putain" et celles de violences sexuelles par plusieurs agresseurs peuvent être prises pour des "fantasmes" de prostitution, alors que ce ne sont pas des productions de leur imagination, mais des intrusions provenant des violences qui contaminent leur sexualité et qui les remplissent de doute sur elles-mêmes. 
Cette vulnérabilité est renforcée par les stratégies de survie dissociantes mises en place par des mécanismes neuro-biologiques lors des violences (seul moyen pour s'anesthésier et échapper à une souffrance et un stress extrême représentant des risques vitaux), et par des conduites dissociantes (conduites à risque, conduites addictives) pour échapper ensuite à la mémoire traumatique de ces même violences, ces stratégies de survie entraînent une anesthésie émotionnelle et physique et une décorporalisation. 
L'ensemble de ces conséquences des violences sexuelles subies dans l'enfance représentent des facteurs de risque importants de repérage par des prédateurs proxénètes qui vont profiter de la vulnérabilité de ces personnes victimes, mais aussi d'entrée en situation prostitutionnelle par : mésestime de soi, formatage la condition d'esclave sexuelle et mise en scène prostitutionnelle, et piégeage par les troubles psychotraumatiques (mémoire traumatique et conduites dissociantes).
De plus de nombreuses études internationales récentes ont montré qu'avoir subi des violences, particulièrement dans l'enfance, est le principal déterminant de la santé.
Il est donc essentiel pour éviter ces conséquences de protéger les personnes en situation prostitutionnelle de toute violence en luttant contre le système prostitueur, de leur proposer des prises en charge avec des informations sur les conséquences sur la santé et de leur offrir des soins adaptés, et de les aider à se réinsérer en leur proposant des alternatives à la prostitution. 

La prévention passe par un dépistage des violences sexuelles subies par les enfants (la majorité des violences sexuelles sont subies par des mineurs), par la protection de ces enfants victimes, leur accès à la justice et à des réparations, et à des soins spécialisés (formation des professionnels de santé, ouverture de centre de soins spécifiques gratuits et accessibles sur tout le territoire).
L' Association Mémoire Traumatique et Victimologie qui est une des associations porteuses de l'appel "Abolition 2012" et étant intervenue lors de la convention abolition, met à disposition de Mme la ministre notre expertise et notre engagement au service de ces objectifs abolitionnistes.
Pour le Bureau de l'Association :

Dre Muriel Salmona
Psychiatre - Psychotraumatologue
Responsable de l'Antenne 92 de l'Institut de Victimologie
Présidente de l'Association
Mémoire Traumatique et Victimologie
Sokhna Fall
Ethnologue, victimologue, thérapeute familiale
Vice-présidente de l'association
Mémoire Traumatique et Victimologie
Dre Judith Trinquart
Médecin légiste
Secrétaire générale de l'association
Mémoire Traumatique et Victimologie
Dr Jean-Pierre Salmona
cardiologue
Trésorier de l'association
Mémoire Traumatique et Victimologie




Pour en savoir plus voir le site memoiretraumatique.org et la page sur les violences sexuelles : http://memoiretraumatique.org/memoire-traumatique-et-violences/violences-sexuelles.html