lundi 28 mars 2011

Droit de réponse de Serge Garde à France info à propos du film témoignage sur un des enfants violés d'Outreau : Chérif Delay et du livre à paraître

Bonjour,



Droit de réponse de Serge Garde à France info

à propos du film témoignage sur un des enfants violés d'Outreau : Chérif Delay

et du livre publié au cherche midi à paraître en mai "Je suis debout" co-écrit avec lui


cliquez sur le lien pour voir un extrait du film de Serge Garde sur Cherif Delay

http://www.jacquesthomet.com/2011/03/14/outreau-exclusif-lan-des-enfants-martyrs-chrif-kevin-sexprime-pour-la-1-fois-et-confirme-ses-accusations/



Voici la lettre et le droit de réponse de Serge Garde :


"L’attaque personnelle, quasi diffamatoire, dont j’ai été l’objet sur France info le vendredi 25 mars 2011, a suscité de nombreuses protestations. Pour information, je vous invite à consulter un article sur Médiapart :


http://blogs.mediapart.fr/blog/valandre78/260311/outreau-la-partie-nest-pas-finie


Personne ne peut être dupe. Il s’agit de la première contre offensive qui vise à empêcher l’émergence de la seconde vérité judiciaire d’Outreau : 12 enfants ont été reconnus victimes de viols et indemnisés à ce titre par la CIVI. Cette seconde vérité judiciaire a été totalement occultée depuis le verdict d’acquittement général aux assises de Paris en 2005.


Si je suis attaqué aujourd’hui, c’est parce que j’ai retrouvé en Afrique Chérif Delay, l’aîné des enfants violés à Outreau. Il m’a fait confiance. Devenu majeur, il témoigne dans un livre que j’ai coécrit avec lui, « Je suis debout », édité au cherche midi et qui sera dans les librairies, le 12 mai 2011. Chérif témoigne également dans le film que je réalise avec le caméraman Jean-Michel Garcia, film dans lequel vont également s’exprimer de nombreuses victimes de l’affaire et du traitement médiatique de l’affaire.

Ce livre et le film provoquent des réactions violentes qui traduisent la peur, voire la panique de ceux qui redoutent cette seconde vérité d’Outreau.

Ce qui est en jeu, c’est le droit à la parole des enfants victimes et au delà, la question de la prise en compte de la parole des mineur(e)s par la justice dans les dossiers de violences sexuelles.

C’est la raison pour laquelle je vous fais part du droit de réponse que j’ai envoyé à France info, sans me faire d’illusion sur le sort qui lui sera réservé…


Droit de réponse mailé à France info le 27 mars :


La mise en cause personnelle dont j’ai fait l’objet sur les ondes de France Info vendredi 25 mars 2011 m’amène à vous adresser cette mise au point que je vous demande de rendre publique :

« Maître Dupont Moretti est un excellent avocat. Ses éclats et ses effets de manches sont bien connus dans les prétoires. En pointe dans la défense des inculpés d'Outreau, il leur a sauvé la mise, en terrorisant tous les témoins qui le gênaient et en terrassant de toute sa prestance un enfant de quatorze ans laminé par la vie qui n'a même pas pu s'exprimer.

Peu élégant, peut-être, mais efficace.

Aujourd'hui, Maître Dupont Moretti utilise les mêmes trémolos indignés pour prétendre s'opposer à la sortie d'un livre qu'il n'a pas lu, d'un film qu'il n'a pas vu. Moi, je suis journaliste. Mon éthique professionnelle me conduit à donner la parole à ceux qui en ont été privés, aussi bien des enfants reconnus victimes et indemnisés comme tels, que des professionnels livrés à un lynchage médiatique.

Maître Dupont Moretti n'a pas en face de lui un enfant sidéré, mais un enquêteur expérimenté, capable d'opposer des faits et des dates à des attaques personnelles qui ne l'émeuvent pas.

En me qualifiant de révisionniste judiciaire, Maître Dupont Moretti et Stéphane Durand Soufflant, président de la presse judiciaire, me rendent un hommage aussi involontaire qu'immérité par ce terme qui fut à l'origine appliqué à Zola ou Proust dans le contexte de l'affaire Dreyfus. Mais, hélas, cet hommage, je dois le récuser : ni Chérif Delay ni moi ne réclamons quelque révision que ce soit. Le doute doit bénéficier à tout accusé. Tout acquittement est définitif. Ce sont des droits auxquels je suis prêt à consacrer les quelques compétences que Maître Dupont Moretti ne me reconnaît pas.

Cela dit, depuis 2005, les acquittés se sont largement répandus en articles, livres, films, conférences et confidences… L’un d'entre eux n'a pas hésité à proclamer l'innocence des quatre condamnés qui ont pourtant reconnu les faits et accepté leurs condamnations.

Alors, pourquoi un tel affolement lorsqu'une autre parole émerge? Les enfants victimes n'auraient-ils que le droit de se taire? Faut-il laisser la "jurisprudence Outreau" jeter le doute sur toute dénonciation de sévices sexuels par des enfants au point de laisser fleurir de pseudo-concepts qui théorisent sur leur inexistence?

L'enjeu dépasse largement l'image de marque de Maître Dupont Moretti ou les attaques contre ma modeste personne.

Cet enjeu, je souhaiterais aussi que France Info le mesure. Ses auditeurs ont entendu en boucle Maître Dupont Moretti, mais ils n'ont pas su que le journaliste Matthieu Aron disposait aussi d'entretiens avec Maître Costantino, avocat de Cherif Delay, et Marie-Christine Gryson-Dejehansart, expert judiciaire, dont pas une minute n'a été diffusée.

Le livre « Je suis debout » co-écrit avec chérif Delay et publié au cherche midi, sera disponible le 12 mai. Le film sur Outreau que je réalise avec Jean-Michel Garcia, sortira malgré les pressions et les menaces. Contrairement à ce que vous avez affirmé, il n'est pas financé par Karl Zéro, mais par une ONG internationale, Innocence en Danger, qui défend les enfants victimes d'abus sexuels. Le livre et le film seront critiqués s'ils doivent l'être, mais désormais toute stratégie de l'étouffoir sera mise en échec. »

Serge Garde"

A diffuser sans modération. Merci…

Dans le Marianne du 26 mars 2011 un dossier de Giulia Foïs : Le viol en France : Enquête sur un insupportable silence pour lequel j'ai été interviewée



À lire dans le magazine Marianne sorti en kiosque
le samedi 26 mars 2011:

Un dossier de huit pages de Giulia Foïs avec deux articles

pour lequel ont été interviewés la Dre Emmanuelle Piet, Marie-France Casalis, Caroline De Haas, Dr Gilles Lazimi, Dre Caroline Rey-Salmon, Dre Muriel Salmona, Marie-Ange Le Boulaire, le commandant Guy Bertrand, etc., sur :

LE VIOL EN FRANCE : Enquête sur un insupportable silence
"Plus de 75 000 femmes sont violées en France chaque année - une toutes les 7 minutes. Qui en parle ? Personne. La société reste sourde et les victimes sont muettes. Si on faisait enfin sauter le tabou ?"

et DES MOTS SUR DES MAUX
"Le viol ce sont les ex-victimes qui en parlent le mieux. Hélas, elles en parlent rarement. Comment faire dans une société qui leur demande de se taire, qui leur oppose des phrases assassines ou des silences mortifères ?"


mercredi 23 mars 2011

À Troyes Film débat le 6 avril et colloque le 7 sur violences envers les femmes accueil et accompagnement des victimes animés par Muriel salmona


À TROYES :
SOIRÉE CINÉMA-DÉBAT

le 6 avril2011, avec la projection du film PRECIOUS
animée par la Dre Muriel Salmona

COLLOQUE

sur les violences envers les femmes :
Accueil et accompagnement des victimes
le 7 avril 2011,
animé par la Dre Muriel Salmona
organisé par
le CIDFF et la mission départementale aux droits des Femmes et à l'Egalité

PROGRAMME :

Centre d'Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) organise en

partenariat avec la mission départementale aux Droits des Femmes et à l'Egalité,

l'association auboise d'aide aux victimes d'infractions, de médiation pénale et de

réinsertion sociale (AVIM-RS) et Solidarité Femmes un colloque sur les :


«Violences faites aux femmes :

accueillir et accompagner les victimes»,


animé par la Docteure Muriel SALMONA

Psychiatre - psychotraumatologue, médecin-coordinatrice victimologue

responsable de l’antenne 92 de i’Institut de victimologie


le jeudi 7 avril de 9h à 12h et de 14h à 17h

à l'École Supérieure de Commerce de Troyes.


9h Accueil des participant-e-s


9h10 Ouverture de la journée

Par Virginie VIREY, directrice du CIDFF et une représentante de la DDCSPP


9h20 Première partie : Les troubles psychotraumatiques liés à la violence et leurs

mécanismes (Docteure Muriel SALMONA)


10h30 Échanges avec la salle


12h – 14h : Pause (repas libre - non pris en charge)


14h Deuxième partie : accueil et accompagnement des victimes (Docteure Muriel

SALMONA)

Comprendre la victime pour mieux l'accompagner (causes, conséquences,

symptômes médicaux)

• Quelle conduite adopter dans l'urgence?

Le certificat médical


15h30 Échanges avec la salle


16h Troisième partie : présentation des actions menées pour la prise en charge des

victimes de violences conjugales et de leurs enfants (CIDFF, Solidarité Femmes et

AVIM-RS)


16h45 Clôture

Par Madame la directrice du CIDFF


mercredi 16 mars 2011

À SIGNER : PETITION EN SOUTIEN AUX SINISTRES DES 17 – 19 RUE JULES VALLES A SAINT-OUEN (93)


L'association Mémoire Traumatique et Victimologie se mobilise pour les sinistrés de l'incendie dramatique des 17-19 rue Jules Valles à Saint-Ouen, joignez-vous à nous en signant la pétition, c'est URGENT le procès du bailleur a lieu le 30 mars 2011


PETITION EN SOUTIEN AUX SINISTRES DES 17 – 19 RUE JULES VALLES A SAINT-OUEN (93)


À SIGNER EN LIGNE EN CLIQUANT SUR LE LIEN :

http://www.lapetition.be/petition.php?petid=9550


Le 25 janvier 2010, Aminata et Ismaël, une jeune femme et son enfant de 4 ans, ont péri dans l’incendie de leur appartement des 17-19 rue Jules Vallès à Saint-Ouen. Plus d’un an après ce drame, nous sommes forcés de constater l’inertie des pouvoirs publics : les familles sinistrées sont toujours à l’hôtel (où elles ne peuvent pas cuisiner, ce qui décuple leurs frais quotidiens), les enfants sont toujours hébergés loin de leur école, aucun relogement n’a été mis en place, il n’y a pas de réponse quant à l’examen des demandes de régularisation administrative de certains sinistrés, l’immeuble est toujours sordide et dans les mains d’un marchand de sommeil, les travaux ne sont pas engagés. Il est aussi important que triste de rappeler que la situation de cet immeuble est connue depuis bien longtemps des autorités municipales et préfectorales.

Les familles se sentent laissées pour compte, elles sont traumatisées. Les enfants font des cauchemars, ils en parlent encore, les souvenirs sont toujours très intenses. Les familles ont assisté, impuissantes à la mort d’Ismaël et d’Aminata, elles ont tout vu, tout entendu, et pourtant aucun suivi psychologique n’a été mis en place.


Conséquences pour la santé des familles, (analyse de la situation le 13/03/2011, par le Dr Muriel Salmona psychiatre spécialisée en psychotraumatologie et en victimologie, responsable de l'Institut de victimologie des Hauts de Seine. www.memoiretraumatique.org) :


Pour tous les sinistrés de l'incendie, ce drame a des conséquences psychotraumatiques qui sont des conséquences normales et habituelles après des évènements aussi traumatisants, avec la mise en place d'une mémoire traumatique.

Cette mémoire traumatique peut lors de réminiscences, de flash-back et de cauchemars, leur faire revivre à l'identique l'incendie et leur faire entendre à nouveau les cris des victimes avec la même terreur, le même effroi et le même désespoir qu'au moment du drame. Cette mémoire traumatique n'est pas contrôlable et elle se réactive lors de situations qui rappellent l'évènement (comme les lieux, les situations d'insécurité, de stress). Cette réactivation peut se faire encore pendant des années après l'évènement. Elle est à l'origine de grandes souffrances, de sentiments de danger imminent, de crises d'angoisse, de troubles du sommeil, de conduites d'évitements et de troubles cognitifs qui peuvent conduire à un état dépressif.

Pour que cette mémoire traumatique ne se réactive pas et pour éviter de graves souffrances et préserver l'état de santé des sinistrés, il est absolument nécessaire de tout mettre en œuvre pour les soigner, les protéger et les prendre en charge afin qu'ils puissent se sentir en sécurité.

Il est donc essentiel qu'ils ne retournent pas vivre dans l'immeuble où a eu lieu l'incendie, et qu'ils soient relogés dans un immeuble offrant toutes les garanties de sécurité, il est tout aussi essentiel que leur situation administrative puisse être réexaminée.


Les signataires de cette pétition exigent :

  • le relogement immédiat, décent et pérenne dans le parc social des personnes hébergées à l’hôtel ;
  • le réexamen promis par l’Etat des situations administratives des habitants dépourvus de titre-séjour en prenant en compte le drame qu’ils ont vécu ;
  • le relogement des habitants, et en priorité des familles en situation de sur-occupation locative, encore dans les immeubles, par l’Etat, la ville, et le bailleur qui rachètera le lieu ;
  • l’expropriation de ces immeubles et leur transformation en logements sociaux, pourtant annoncées par la ville de Saint-Ouen avec l’appui de l’Etat.


Contact : memoiretraumatique.org


lundi 14 mars 2011

En chemin elle rencontre… 2 et therapie post traumatique scenario de Marie Moinard, dessins de Claire Bouilhac, dialogues de Muriel Salmona


Le deuxième tome de En chemin elle rencontre…
Des artistes se mobilisent pour le respect des droits des femmes

Des éditions Des ronds dans l'O :

Avec 21 auteurs :
Agnès Bihl, José-Louis Bocquet, Claire Bouilhac, Catel, Florence Cestac, Laetitia Coryn, Rémi Courgeon, Etienne Davodeau, Nathalie Ferlut, Jacques Fernandez, René Follet, Johanna, Chris Lamquet, Marie-Hélène Loisel, Pat Masioni, Kkrist Mirror, Marie Moinard, Dimtri Piot, Gilles Rochier, Damien Roudeau, Anne Rouvin, Muriel Salmona, Tsutsall, Damien Vanders

et

Thérapie post traumatique


scénario : Marie Moinard, dessin : Claire Bouilhac et dialogues par Muriel Salmona

copyright, soumis aux droits d'auteur, ne pas reproduire sans autorisation

copyright, soumis aux droits d'auteurs,ne pas reproduire sans autorisation






Le premier tome d'En chemin elle rencontre… m'a d'emblée conquise. C'est pour moi un outil fantastique pour lutter contre les violences envers les femmes et pour briser le silence et le déni qui entoure ces violences : d'abord en raison de la qualité de son message, rendu percutant grâce à l'engagement d'artistes talentueux, ensuite parce que la BD touche plus particulièrement les jeunes - ceux là-même qui subissent le plus de violences - et il est essentiel pour préserver leur avenir de les sensibiliser en priorité pour construire un monde moins violent et moins inégalitaire, et enfin parce que des jeunes filles pourront se reconnaître dans cette BD, se sentir moins seules et mettre des mots sur des violences dont qu'elles pourront plus facilement dénoncer.


Aussi, quand Marie m'a proposé de participer au deuxième tome ai-je été enthousiasmée par ce projet ! C'était l'occasion rêvée de faire passer des messages essentiels qui me tenaient particulièrement à cœur : informer sur la gravité de l'impact des violences sur la santé psychique et sur l'importance de traiter les troubles psychotraumatiques qui en sont la conséquence, e expliquer les mécanismes neuro-biologiques qui en sont à l'origine. Ces conséquences psychotraumatiques restent méconnues, rarement identifiées et presque jamais soignées spécifiquement, pourtant la prise en charge est efficace. Elle évite que des victimes restent abandonnées sans soin pendant des mois, des années, voire des dizaines d'années, aux prises avec une grande souffrance, des angoisses, des états de sidération psychique et de dissociation, un sentiment de danger permanent, et des symptômes incompréhensibles dus à la mémoire traumatique des violences (qui fait revivre les violences à l'identique au moindre lien qui les rappelle avec les mêmes sensations, la même détresse, les mêmes douleurs). Cet abandon les oblige à mettre en place des stratégies de survie, des conduites d'évitement et de contrôle (retrait, phobie, troubles obsessionnels compulsifs) et des conduites d'autotraitement pour s'anesthésier émotionnellement (conduites à risque, mises en danger, addictions). Cet abandon, ces souffrances et cette solitude peuvent aussi les pousser au suicide pour que cet enfer s'arrête enfin. De plus - injustice supplémentaire -les victimes se retrouvent culpabilisées et sommées de se justifier pour ces symptômes, ces conduites et ce mal-être que personne n'explique ni ne relie aux violences et qui de ce fait paraissent incohérents ou illégitimes alors qu'ils sont des conséquences normales des violences (les violences intra-familiales, conjugales et surtout les violences sexuelles ont les conséquences psychotraumatiques les plus fréquentes et les plus graves). Or ces troubles pourraient être facilement compris si les mécanismes psychotraumatiques étaient connus, les victimes pourraient alors être soulagées et déculpabilisées. Les mécanismes neuro-biologiques à l'œuvre lors des violences éclairent aussi le comportement des agresseurs. Ils utilisent la violence comme une drogue pour s'anesthésier émotionnellement et ils instrumentalisent la victime pour lui faire jouer un rôle dans un scénario qui ne la concerne pas, uniquement pour leur propre compte. Les victimes sont toujours innocentes, la violence est toujours incohérente par rapport à ce qu'elles sont et ce qu'elles font. Grâce à des mensonges et à une situation d'inégalité dont ils bénéficient, les agresseurs s'autorisent à exercer une violence totalement illégitime.


J'espère que cette bande dessinée mettant en scène de façon originale et inédite la prise en charge spécialisée d'une jeune femme victime de violences conjugales, contribuera à la prise de conscience que les soins sont essentiels et que toute victime de violence doit pouvoir avoir accès à des soins efficaces et à des informations médicales précises. Ne pas abandonner une victime traumatisée à sa souffrance, la soigner, c'est respecter ses droits, sa valeur et sa dignité. Le traitement sera d'autant plus efficace et rapide qu'il sera précoce (immédiat, dans les 12 heures, il évite la mise en place d'une mémoire traumatique), si les violences durent depuis la petite enfance, il sera plus long et nécessitera tout un travail en profondeur pour libérer et restaurer sa personnalité.


Dr Muriel Salmona

Pour en savoir plus : cf plaquette et le site www.memoiretraumatique.org


Pour commander la BD : http://www.desrondsdanslo.com/EnChemin2.html

PRÉAMBULE DE LA CAMPAGNE 2011 VIOLENCES ET SOINS DE L'ASSOCIATION




CAMPAGNE 2011 VIOLENCES ET SOINS :
DE L'ASSOCIATION MEMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE



PRÉAMBULE


texte disponible sur le blog et sur le site



Les violences qu'elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles sont une atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux des personnes.
Elles ont de graves répercussions immédiates et à plus long terme sur la santé et sur le développement psychologique et social des personnes. L'OMS en 1996 a déclaré qu'elles constituaient l'un des principaux problèmes de santé publique dans le monde.
Les violences ayant le plus d'impact sur la santé physique et mentale à long terme sont aussi les violences les plus méconnues malgré leur grande fréquence, comme les maltraitances envers les enfants et les personnes vulnérables, les violences familiales et à l’intérieur du couple, les violences sexuelles. Ces violences qui bénéficient d'une véritable loi du silence sont commises sous couvert de soins, de protection, d'éducation, d'amour, de désir et de sexualité, essentiellement par des proches et des personnes connues dans plus de 80% des cas. La méconnaissance de leur réalité (manque d'études, de chiffres, de recherches), l'absence de prévention ciblée, l'absence d'information sur les risques de subir ces violences, l'absence d'accès à des soins donnés par des médecins formés sont à l'origine d'un abandon total de victimes dont la parole n'est jamais prise en compte.
Or les violences subies pendant l'enfance quand elles ne sont pas prises en charge sont le (un) déterminant majeur de la santé et du bien-être d'une population :
Une étude américaine récente sur 17 000 personnes montre, 50 ans après des violences et des négligences subies pendant l'enfance, une augmentation considérable et proportionnelle (au nombre de violences et de négligences différentes subies, score allant de 0 à 8), de morts précoces, de pathologies organiques (infarctus du myocarde, hypertension, diabète, obésité, affections broncho-pulmonaires, maladies sexuellement transmissibles, fractures, hépatites), de pathologies psychiques (états de stress post traumatique, suicides, dépression, angoisses, attaques de panique, troubles de la personnalité, insomnie, troubles de la mémoire et de la concentration), de conduites addictives (tabac, alcool, drogues), de troubles de l'alimentation, de conduites sexuelles à risque, de violences à nouveau subies et de violences commises, de désinsertion sociale (Felitti VJ, ACE Study, The Relationship of adverse childhood experiences to adult health status, 2010).
Ces conséquences à long terme sont dues à des troubles psychotraumatiques chroniques qui s'installent quand les victimes de violences ne sont ni identifiées, ni prises en charge, ni protégées, ni soignées. Abandonnées seules avec une grande souffrance et un sentiment d'insécurité permanent elles devront survivre en mettant en place des stratégies d'auto-traitement. Ces stratégies de survie auront non seulement de lourdes conséquences sur leur santé, mais elles seront un facteur d'exclusion et de pauvreté, et un facteur de risque d'être à nouveau victime de violence ou de reproduire des violences.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), dans son texte de recommandations pour la prévention des violences domestiques et sexuelles, présenté le 21 septembre 2010 à la Conférence mondiale de la prévention des traumatismes et de la promotion de la sécurité, a souligné pour la première fois qu'un des principaux facteur de risque de subir et de commettre des violences domestiques et sexuelles est d'avoir subi des violences dans l'enfance (texte téléchargeable sur le site). Les stratégies de survie et d'autotraitement des conséquences psychotraumatiques des violences sont donc au coeur de la reproduction des violences.
Or des traitements de ces troubles psychotraumatiques existent et sont efficaces, et les conséquences sur la santé pourraient être évitées en mettant en place une réelle protection et des soins spécialisés pour toutes les victimes. Toute victime de violence non prise en charge risque d'être à nouveau victime ou de devenir auteur de violences.
Les violences ne sont pas une fatalité, elles sont un privilège que certains s'octroient en toute injustice et impunité. Il faut lutter contre elles en protégeant toutes les victimes, en les soignant et en luttant contre toutes les inégalités et toutes les discriminations.
Les violences, en ce début du XXème siècle, sont un des derniers privilèges qui continuent de parasiter notre démocratie et de mettre à mal les valeurs fondamentales que sont la liberté, l'égalité et la fraternité. Exercer des violences c'est s'octroyer le "droit" au nom d'une prétendue supériorité de dominer, de soumettre, de détruire des personnes qui sont considérées comme ayant moins de valeur que soi. Il s'agit de les réduire en esclavage et/ou de les instrumentaliser comme un "médicament ou une drogue" pour s'anesthésier et s'éviter ainsi toute contrainte, angoisse, tension ou remise en question.
Les violences les plus fréquentes et les moins dénoncées sont :
les violences envers les enfants : les études épidémiologiques manquent, quelques études internationales rapportent des violences physiques graves et fréquentes. La violence physique exercée contre les enfants est en général infligée pour punir et elle est acceptée par les parents, comme une norme sociale qui prévaut et est souvent même considérée de droit comme une forme correcte de discipline. Par ailleurs, selon des études effectuées dans le monde entier, environ 20 % des femmes, et 5 à 10 % des hommes déclarent avoir été victimes de violence sexuelle dans l’enfance. Beaucoup d’enfants souffrent de violence psychologique aussi bien que de négligence, dont on ignore l’ampleur du phénomène dans le monde. Lors de l'étude ACE Study portant sur 17000 personnes, on a retrouvé dans leur enfance des violences psychologiques chez 11% d’entre elles, des violences physiques chez 28 %, des violences sexuelles chez 21%.
les violences sexistes ou sexuelles envers les femmes : les chiffres sont impressionnants, suivant les pays, 15 à 71 % des femmes ont été maltraitées, frappées, agressées sexuellement au cours de leur leur vie, aucune femme, aucune fille dans le monde n'est à l'abri de subir des violences en raison de son sexe, et les violences sexuelles, suivant les études et les pays, toucheraient 20 à 30% des personnes au cours de leur vie et plus de la moitié avant 18 ans. (pour en savoir plus lire l'article du dr M. Salmona de septembre 2010 avec toutes les références : violences envers les femmes et les filles : un fléau mondial
les violences au travail, dans le cadre du soin, et les violences sur des personnes en situations de vulnérabilité (handicaps, maladies, grand âge, grande pauvreté) et de discrimination (en fonction des origines, de l'orientation sexuelle, , des opinions politiques ou religieuses).
Ces violences sont rendues possible par de nombreux stéréotypes et de fausses représentations (la place de l'homme, de la femme et de l'enfant dans la société, l'équivalence entre éducation et dressage, amour et possession, sexualité et violence, la confusion entre désir et prédation, les prétendues pulsions sexuelles irrépressibles des hommes et disponibilité sexuelle des femmes, etc.), le déni et la loi du silence qui pèsent sur elles, la méconnaissance de leur fréquence et de la gravité de leur impact.
Les violences sont toujours intentionnelles, souvent préméditées et elles sont une drogue au service de l'agresseur, elles n'ont rien à voir avec la victime :
Elles s'exercent de façon mystificatrice sous couvert d'amour, de désir, d'éducation, de soins, de sécurité, pour le "bien" de la victime. Il n'en est rien. La violence ne sert que l'agresseur. Rien de ce qu'est ou fait la victime ne ne justifie la violence, la victime n'est pas responsable de la violence exercée contre elle. L'agresseur impose par manipulation, emprise, domination ou terreur un scénario et un rôle à la victime qui ne la concernent en rien. Il s'agit pour l'agresseur d'utiliser une victime pour son seul et unique intérêt, pour son confort et pour s'éviter des angoisses (esclaves à disposition, fusibles pour s'anesthésier).
Les violences sont à l'origine d'une atteinte grave de l'intégrité physique et psychique des victimes, avec des blessures physiques mais aussi psychiques et neurologiques liées au stress qui nécessitent des soins urgents et spécialisés.
Les violences génèrent un stress extrême (avec production d'adrénaline et de cortisol) que la terreur et la sidération psychique de la victime rendent incontrôlable, cela entraîne un risque vital cardio-vasculaire et neurologique, et déclenche alors un mécanisme de sauvegarde neuro-biologique qui - comme dans un circuit électrique qui est en survoltage - fait disjoncter le circuit émotionnel responsable du stress extrême. cette disjonction crée une anesthésie émotionnelle brutale et un état de dissociation (état de conscience altérée avec des sensations de déconnection et de dépersonnalisation) qui protège le cœur et le cerveau. Cette anesthésie émotionnelle est produite par des drogues dures (morphine et kétamine-like sécrétées par le cerveau). Cette anesthésie émotionnelle qui est subie douloureusement par les victimes, est en revanche activement recherchée par les agresseurs et entraîne chez eux une véritable addiction.
Si tout traumatisme peut entraîner des troubles psychotraumatiques chroniques (avec un risque de 24%), les violences sont beaucoup plus à risque d'en développer particulièrement quand il s'agit de violences intra-familiales (60%, Astin,1995) ou de violences sexuelles (jusqu'à 80%, Breslau, 1991). Ces troubles psychotraumatiques peuvent durer des années, des dizaines d'années voire toute une vie si aucun soin n'est donné. Les mécanismes qui sont à l'origine de ces troubles psychotraumatiques sont connus depuis peu. La disjonction de sauvegarde lors du stress extrême entraîne, en plus de l'anesthésie émotionnelle, la mise en place d'une mémoire traumatique (mémoire émotionnelle des violences qui, en raison du court-circuit) ne pourra pas être traitée, ni intégrée au niveau du cortex. Cette mémoire traumatique non-consciente et non-contrôlable, comme une machine à remonter le temps infernal, fait revivre à la victime les violences à l'identique avec la même terreur, les mêmes douleurs, les mêmes sensations lors de réminiscences, de flash-back, de cauchemars. Elle se déclenche lors de liens qui rappellent les violences (contexte, émotions, sensations, douleurs). Elle va transformer la vie des victimes en un terrain miné et être à l'origine d'une souffrance psychique extrême et d'un sentiment d'insécurité permanent. Avec des soins précoces (dans les 12heures) elle peut être évitée. Si la victime est abandonnée sans protection, sans prise en charge ni soins appropriés, la mémoire traumatique s'installe durablement et s'accompagne d'une souffrance intolérable et d'idées suicidaires. Pour survivre, la victime doit mettre en place des stratégies de survie : des conduites d'évitement, de contrôles et d'hypervigilance pour éviter tout allumage de la mémoire traumatique ; et des conduites dissociantes pour l'anesthésier si elle s'est allumée comme des mises en danger (qui en augmentant le stress provoqueront une disjonction et une anesthésie comme des auto-mutilations, des conduites à risques) et des conduites addictives telles que consommation de produit ayant un pouvoir anesthésiant et dissociant comme de l'alcool ou de la drogue : de 70 à 90% des alcooliques, des toxicomanes, des prostitué-e-s ont subi de graves maltraitances le plus souvent dans l'enfance, avec un très fort pourcentage de violences sexuelles.
Ces stratégies de survie lui permettront de se protéger un peu, mais elles seront très coûteuses, incompréhensibles et culpabilisantes, et elles auront un impact catastrophique sur leur santé et leur vie personnelle, sociale et professionnelle. Avec un risque de mort prématurée (accidents, suicides, morts par maladie), de maladie cardio-vasculaires, de conduites à risques, de conduites addictives, de troubles psychiatriques (dépressions, crises d'angoisse, phobies, insomnie, de troubles de l'alimentations, de la sexualité, troubles de la personnalité, troubles de la mémoire, de la concentration, d'absences, de sentiments de honte et de culpabilité, de dépersonnalisation, d'être différent), accompagnés d'une fatigue et de douleurs chroniques, d'échecs scolaires et professionnels, d'arrêts de travail de longue durée, d'invalidité, d'isolement, de marginalisation, d'exclusion, de grande pauvreté, mais aussi de délinquance et de reproduction des violences (pour s'anesthésier en instrumentalisant autrui).
La mémoire traumatique, la souffrance et le stress qu'elle déclenche et les stratégies pour l'éviter et l'anesthésier sont donc à l'origine de toutes les conséquences sur la santé et la vie des victimes. Or si les violences sont connues, il est possible d'éviter la mise en place d'une mémoire traumatique par une protection et une prise en charge précoce, ou de traiter efficacement cette mémoire traumatique par des soins spécialisés. Pour en savoir plus aller sur le site memoiretraumatique.org
Laisser des victimes non identifiées, sans protection, sans information et sans soin c'est donc :
  • les condamner à souffrir durant des années, voire toute leur vie, dans une solitude effroyable, dans un état d'insécurité permanente, d'incompréhension et de culpabilité, sans espoir de pouvoir se réaliser et d'être pleinement elles-même
  • prendre le risque qu'elles meurent précocément, de morts violentes par homicides, par suicides, par accidents ou par maladie
  • prendre le risque qu'elles développent des conduites addictives (tabac, alcool, drogues, jeux), des troubles alimentaires, une sexualité à risque et se retrouvent piégées dans des situations prostitutionnelles
  • mettre en danger leur santé, de multiplier la consommation de soins inadaptés et inefficaces
  • prendre le risque de les mettre en échec au niveau scolaire et professionnel
  • aggraver les inégalités et renforcer les discriminations et les injustices
  • augmenter la précarité, les situations de marginalisation, le risque prostitutionnel et la pauvreté et mettre en danger la cohésion sociale,
  • donner un signal fort aux agresseurs pour qu'ils se sentent autoriser à continuer les violences sur des victimes qu'ils peuvent estimer sans valeur puisque la société ne met pas tout en œuvre pour les protéger
  • mettre les victimes en danger de subir de nouvelles violences et alimenter une reproduction sans fin des violences car certaines victimes choisiront de s'auto-traiter en adhérant à la loi du plus fort et en exerçant elles-mêmes des violences.
Pourtant, en 2011, malgré leur fréquence et leur gravité, ces violences font toujours l'objet d'une méconnaissance et d'une sous-estimation, au pire d'un déni ou d'une tolérance coupable (moins de 10% des viols et des violences conjugales font l'objet d'une plainte, OND 2009).
Elles font l'objet d'une véritable loi du silence. Cette loi du silence protège les agresseurs en leur assurant l'impunité, et elle protège également le mythe d’une société patriarcale idéale où les plus forts (les hommes et tout ceux qui détiennent une autorité) protégeraient ceux désignés comme étant les plus faibles ou les plus vulnérables (les femmes et les enfants).
Surtout, cette loi du silence abandonne les victimes à leur sort. Actuellement l'immense majorité des victimes restent seules car elles ne sont pas identifiées, restent sans soins car leurs troubles psychotraumatiques ne sont pas pris en charge spécifiquement (par méconnaissance de la part des médecins qui ne sont toujours pas formés durant leurs études médicales), et elles subissent souvent des soins inappropriés, voir violents.
Cependant, des soins spécialisés sont efficaces sur les troubles psychotraumatiques et particulièrement sur la mémoire traumatique.. Lʼétude sur les conséquences psychotraumatiques des violences faites en 2008 sur le 92 a montré que plus de 80% des patients victimes de violences recevant des soins spécialisés ont constataient une amélioration de leur santé psychique importante, voire très importante, et 47 % une amélioration de leur santé physique, la prise en charge spécialisée est considérée comme utile, répondant aux attentes, permettant dʼaller mieux et de mieux se comprendre (cf étude M. Salmona 2008).
La violence n'est pas une fatalité et les auteurs de violences doivent
Dr Muriel Salmona, Bourg la Reine, le 22 février 2011, journée européenne des victimes
Présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie
54 avenue des vergers 92340 Bourg la Reine

CAMPAGNE DE L'ASSOCIATION VIOLENCES ET SOINS : MANIFESTE ET PÉTITION À SIGNER : POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLENCES REÇOIVENT DES SOINS APPROPRIÉS




En France, en 2011, l'absence de dépistage des violences, de protection des victimes et de soins spécialisés sont à l'origine d'un coût humain énorme et d'un coût très important en dépenses de santé et en aides sociales qui auraient pu être évités. Or Il est possible de combattre la violence, non par un tout-sécuritaire qui ne cible que certaines violences, mais par une prévention ciblée, une protection sans failles et une prise en charge spécialisée des victimes. Toute victime doit être protégée et soignée, ses droits doivent être respectés.

C'EST POURQUOI EN TANT QU'ASSOCIATIONS, EN TANT QUE PROFESSIONNEL-LE-S DU SOINS ET DE LA PRISE EN CHARGE DES VICTIMES, EN TANT QUE VICTIMES ET PROCHES DE VICTIMES, EN TANT QUE CITOYEN-NE-S NOUS LANÇONS LE 22 FÉVRIER 2011:


UN MANIFESTE ET UNE PÉTITION
SUR VIOLENCES ET SOINS
2011 année des droits des patients


POUR SIGNER LA PÉTITION EN LIGNE CLIQUEZ SUR LE LIEN :



POUR QUE LES VICTIMES DE VIOLENCES SOIENT ENFIN PROTÉGÉES, POUR QU'ELLES REÇOIVENT DES SOINS APPROPRIÉS ET POUR QUE LEURS DROITS SOIENT RESPECTÉS
Droit à être entendues, crues et reconnues
Droit à être secourues, protégées et informées
Droit à ce que justice leur soit rendu
Droit à être traitées avec dignité, bienveillance et attention, en respectant leurs demandes et avec leur consentement
Droit à la santé,
droit à recevoir des soins de qualité, gratuits par des professionnels compétents et formés, dans des lieux adaptés et accessibles à tous
Droits à ne pas subir de violence dans le cadre des soins et de la prise en charge
EN 2011 CES DROITS FONDAMENTAUX NE SONT TOUJOURS PAS RESPECTÉS
AUSSI NOUS ACCUSONS
Les Politiques, les Pouvoirs Publiques, les professionnels censés prendre en charge ces victimes de violence et la société, dans leur ensemble
D'ABANDONNER LES VICTIMES :
De ne pas les voir, de les ignorer, de ne pas les entendre, d'être dans le déni de la réalité des violences et de leurs conséquences sur la santé, de ne pas les secourir, de ne pas les protéger, de ne pas leur rendre justice, de ne pas les soigner et souvent de les maltraiter lors de leur parcours de prise en charge et de soin.
Abandonner les victimes, être indifférent à leur sort, c'est leur donner peu de valeur
et c'est conforter les agresseurs dans un sentiment de supériorité qui leur permet de s'octroyer le privilège d'instrumentaliser des victimes pour les soumettre et s'en servir comme esclave à leur service ou comme fusible pour s'anesthésier.
DE NON ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER :
Les violences font courir des risques majeurs aux victimes et à leurs proches qui en sont témoins (surtout les enfants). Elles ont de graves répercussions immédiates et à plus long terme sur la santé et sur le développement psychologique et social des personnes. Elles constituent l'un des principaux problèmes de santé publique dans le monde et sont un déterminant majeur de la santé d'une population (cf le préambule à lire sur le blog et sur le site).
  • risque d'homicides, de blessures graves, de contamination et de grossesses lors des violences
  • risque important de morts précoces avec un risque accru d'accidents (liés aux troubles de l'attention et de la concentration, aux absences, aux mises en danger, multipliés par 10), de suicides (risque 10 à 20 fois supérieur),
  • risque pour la santé mentale avec d'importants troubles psychotraumatiques : souffrance mentale, dépression, troubles anxieux, phobiques et obsessionnels, troubles du sommeil, troubles dissociatifs, troubles du comportement alimentaire et sexuel, troubles des conduites - mises en danger, auto-mutilations, jeux dangereux, sexualité à risque, conduites addictives - trouble de la personnalité, sentiment d'insécurité, de culpabilité, de honte et absence d'estime de soi)
  • risque pour la santé physique : maladies consécutives aux séquelles des violences, maladies liées au stress (cardio-vasculaires, endocriniens particulièrement diabète, digestifs, génito-urinaires, immunologiques, infectieux, pulmonaires, etc), maladies liées aux conduites à risque (contamination, grossesses précoces, grossesses à risques, conséquences sur la santé de la consommation de tabac, d'alcool, de drogue, de la sur-consommation de médicaments), maladie liées à la dissociation et à l'anesthésie émotionnelle (manque de prévention, négligences graves), avec une augmentation très importante de demande de soins, de consommation d'examens médicaux et d'interventions chirurgicales (liées à la mémoire traumatique, multipliées par 8)
  • risque d'échecs scolaires et professionnels, d'invalidité, d'isolement social, de marginalisation et d'exclusion, de grande pauvreté, de prostitution, d'alcoolisme et de toxicomanie, de subir de nouvelles violences, de commettre des violences, risque de délinquance
D'INJUSTICES
Les victimes de violence subissent des injustices en cascade :
  • injustice d'être des victimes innocentes d'une violence aveugle, piégées dans une histoire qui ne les concerne pas ;
  • injustice d'être victimes d'une société qui les expose doublement, d'une part en créant un contexte inégalitaire qui permet à des agresseurs d'utiliser leur position dominante pour les instrumentaliser, et d'autre part en ne mettant pas tous les moyens politiques en œuvre pour lutter contre les violences ;
  • victimes de leur entourage qui ne veut ni voir, ni savoir, ni entendre, ni dénoncer ce qu'elles subissent dans l'intimité d'une famille, d'un couple, d'une relation ou dans l'espace clos d'un travail, d'une institution ;
  • victimes de toute une mal-traitance commise par des professionnels censés les protéger, leur venir en aide, leur rendre justice et les soigner, qui souvent ne les croient pas, banalisent les violences et sous-estiment le danger qu'elles courent et les conséquences qu'elles subissent, par manque de formation surtout, mais aussi par négligence et manque d'empathie ;
  • victimes de l'injustice désespérante de voir des agresseurs bénéficier dans l'immense majorité des cas d'une impunité totale, faute d'être dénoncés, d’être mis en examen, d’être déférés devant un tribunal ou d’être condamnés par une justice encore trop parasitée par de nombreuses idées reçues sur les victimes et les violences, et qui méconnaît de nombreux indices et de nombreuses preuves médicales, les agresseurs pouvant alors continuer à exercer des violences en toute tranquillité ;
  • victimes de l'injustice d'être celles qui en fin de compte se retrouvent condamnées à souffrir, à se battre et à devoir se justifier sans cesse, à supporter mépris, critiques et jugements, à entendre des discours moralisateurs et culpabilisants pour des symptômes que personne ne pense à relier aux violences.
DE DISCRIMINATIONS
  • En ne luttant pas suffisamment contre toutes les inégalités et les discriminations qui rendent possibles de nombreuses violences : discriminations sexistes, racistes, xénophobes, ethniques, liées à l'âge, la grossesse, les handicaps, la maladie, la pauvreté, les convictions religieuses ;`
  • En ne protégeant et n'assurant pas des conditions de vie décente aux plus vulnérables et aux plus dépendants comme les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées et malades ;
  • En tolérant des situations qui sont des atteintes graves à la dignité des personnes comme les situations d'esclavage, de grande pauvreté, les situations de grande marginalité et d'exclusion (SDF), les situations prostitutionnelles et la pornographie, les discriminations exercés sur les victimes en les soupçonnant a priori de mentir quand elles dénoncent les violences.
ET D'EXERCER DES VIOLENCES OU D'EN ÊTRE COMPLICE : VIOLENCES DE SOINS INAPPROPRIÉS
ET VIOLENCES SOUS COUVERT DE SOINS
La majorité des victimes ne bénéficient pas des soins appropriés indispensables.
Les soins sont saturés de violence, au mieux il s'agit de la part des soignants de méconnaissance, de fausses représentations, au pire d'indifférence, de négligences, d'anesthésie émotionnelle, de discriminations, voire d'intention de nuire : de dominer, de manipuler ou de détruire. Et les soins sont singulièrement absents quand il s'agit de prendre en charge les victimes de violences.
Les soins donnés aux victimes sont souvent uniquement symptomatiques et tiennent rarement compte des violences, aucun lien n'est fait dans l'ensemble, ce qui rend les soins inefficaces dans la durée. L'expression de la mémoire traumatique peut-être trompeuse et conduire à des erreurs diagnostiques, par exemple dans le cas de réminiscences qui prennent la forme de douleurs (lors des coups et des sévices), d'étouffement (quand il y a eu strangulation par exemple), de nausées, de vomissements, d'absences, de vertiges, voire d'évanouissement (comme lors des violences), de sons ou de phrases, de cris ou d'images ou de sensations tactiles qui peuvent prendre la forme d'hallucinations. Des examens et des interventions chirurgicales inutiles peuvent être pratiqués, des diagnostics erronés préjudiciables pour les victimes peuvent être faits, comme celui de psychose entraînant de longues hospitalisations en service fermé et des traitements lourds et invalidants.
Souvent les traitements psychiatriques proposés ne sont qu'anesthésiants émotionnellement et dissociants, comme les traitement très sédatifs, les électro-chocs, l'isolement la contention, les amphétamines pour les enfants hyper-actifs (la psychiatrie dans la première moitié du siècle avait utilisé la "faradisation", les comas insuliniques, et en France, jusque dans les années 50, la lobotomie, cette dernière est encore pratiquée dans certain pays).
Les violences exercées sur des personnes en crise (qui revivent les traumatismes lors de l'allumage de leur mémoire traumatique) sont malheureusement "efficaces" à très court terme car elles vont entraîner une disjonction et une anesthésie émotionnelle qui vont calmer la personne, mais elles sont catastrophiques car elles traumatisent à nouveau la victime et rechargent sa mémoire traumatique. Ils peut s'agir de violences verbales (injures, propos dégradants), psychologiques (chantages, menaces), physiques (contention, isolement, privations, douches froides).
Les soins s'exercent par définition sur des personnes en situation de vulnérabilité, que cette situation de vulnérabilité soit ponctuelle, liée à une maladie passagère, un traumatisme ou une grossesse, ou qu'elle soit durable, liée à des maladies chroniques, à des handicaps physiques et mentaux ou à des états de grande dépendance tels que la petite enfance et le grand âge. Cette vulnérabilité expose les patients à des violences encore plus fréquentes que dans le reste de la population, de la part de soignants, de proches ou d'autres malades.
Les violences sexuelles commises par des soignants, particulièrement par les médecins, sont bien plus fréquentes que l'on pense, elles font l'objet d'un déni et d'une loi du silence. La position d'autorité d'un médecin, l'abus d'une confiance implicite qu'il détourne pour son propre compte, la mise en scène d'une dette que lui devrait la patiente pour les soins prodigués, permettent à un médecin d'imposer des actes violents, d'escroquer émotionnellement et de manipuler facilement une patiente ou un patient pour qui dire non ou se défendre sera impossible, comme lors d'un inceste parent-enfant. En France, aucune étude n'a été faite sur ces violences qui auront de graves conséquences sur les victimes, et nous ne disposons d'aucun chiffre. D'après des études américaines environ 10% des médecins, psychiatres et psychologues avaient eu des contacts sexuels avec leurs clients, et au moins 89% des contacts sexuels dans le cadre de relations professionnelles du domaine de la santé avaient eu lieu entre un homme professionnel et une femme cliente.
On sait qu'une personne handicapée court trois fois plus de risques qu'une personne valide de subir des violences. Les chiffres canadiens (nous n'avons pas de chiffres en France) montrent que 40% des femmes présentant un handicap physique subissent au moins une agression sexuelle au cours de leur vie, et que 39 à 68% des femmes présentant une déficience mentale subissent au moins une agression sexuelle avant 18 ans. Ces violences sont alors un facteur d'aggravation du handicap et d'exclusion.
NOUS DEMANDONS
Pourquoi n'y a-t-il pas de politique de santé qui prenne en compte l'impact de la violence sur la santé des personnes ? Alors qu'il est avéré qu'il s'agit d'un facteur de risque majeur !!!
Pourquoi n'y a-t-il pas de formation des médecins, des psychiatres et des psychologues cliniciens à la psychotraumatologie pendant leurs études et dans le cadre d'une formation continue ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de centre de soins spécifiques accessibles à tous et sur tout le territoire et dans chaque département ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de campagnes qui diffusent des informations sur l'impact sur la santé des violences ?
NOUS VOULONS
Une vraie politique de santé publique concernant les violences,
une véritable protection pour toutes les victimes de violences,
des soins de qualité et de proximité, précoces, spécialisés et gratuits
pour toutes les victimes de violence
une formation des professionnels de la santé à la prévention, au dépistage et aux soins
des victimes de violences,
des centres de santé pour les victimes dans chaque département,
des campagnes d'information et de prévention grand public,
la mise en place d'enquête et de recherches sur le sujet,
la création d'un observatoire national sur l'impact des violences et la prise en charge des victimes
Personne ne doit plus se sentir coupable, ni honteux d'être victime de violences. Ce sentiment est crée de toute pièce, il s'agit d'une imposture, d'une manipulation pour mettre en place une inversion de responsabilité et un déni de justice. Cette imposture est véhiculée par une société inégalitaire qui diffuse le discours des dominants : à savoir qu'une victime se situe du côté des inférieurs, qu'elle ne vaut pas grand chose, qu'elle est nulle, faible, incapable. Et que tant pis pour elle, elle n'avait qu'à pas se laisser faire ou se laisser avoir… qu'elle y est certainement pour quelque chose !… qu'elle n'a pas fait ce qu'il fallait, ou bien qu'elle est méchante, menteuse, ou encore qu'elle n'a rien compris, que ce n'est pas si grave… Et cette imposture est confortée par le fait que les victimes sont abandonnées et jamais entendues, elles ne méritent donc pas d'être protégées et soignées, leurs paroles n'ont pas de valeur et justice n'a pas à leur être rendue.
IL FAUT ÊTRE SOLIDAIRE DES VICTIMES, ET LES SECOURIR !
LA DIGNITÉ EST DU CÔTÉ DES VICTIMES,
L'INDIGNITÉ DU CÔTÉ DES AGRESSEURS


POUR SIGNER LA PÉTITION EN LIGNE CLIQUEZ SUR LE LIEN :

Pour plus d'informations : lire le préambule :
et visiter le site : http://memoiretraumatique.org/
Contact :
Association Mémoire Traumatique et Victimologie :
Dr Muriel Salmona, présidente de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie,
mail : drmsalmona@gmail.com ; tél : 06 32 39 99 34